Le Journal de Quebec

Mario Dumont

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le gouverneme­nt n’a pas adéquateme­nt expliqué pourquoi les variants forcent certains changement­s aux règles sanitaires

L’idée de forcer le port du masque à l’extérieur pour les couples ou pour ceux qui pratiquent des sports distancés a marqué la semaine. Le gouverneme­nt a eu l’instinct de sentir la réaction populaire et l’humilité de s’ajuster.

Il valait mieux le faire parce que le gouverneme­nt jouait avec le feu. L’adhésion collective aux mesures subit l’épreuve du temps et de l’épuisement. Ce genre d’annonces mal avisées et mal expliquées peut contribuer à faire décrocher une partie de la population.

Les conséquenc­es seraient fâcheuses. La crise deviendrai­t plus pénible à gérer pour le gouverneme­nt. Et la pandémie durerait plus longtemps avec une forte tranche de la population qui alimente le virus en vivant comme s’il n’existe pas.

EXPLIQUER

Derrière l’épisode des masques pour les couples, les golfeurs ou les joueurs de tennis, il se cache autre chose. Le besoin de porter le masque à l’extérieur n’a jamais été bien expliqué. Le changement d’approche qui est venu avec le variant n’a jamais été justifié au public.

Je rappellera­i une erreur que la ministre de la Sécurité publique avait commise au début de la pandémie. Elle avait utilisé le mot « DOCILE » pour parler de ce qu’elle attendait de la population. Sans lui prêter d’intentions maléfiques, disons que le mot est fort mal choisi, mais qu’il représente sans doute aussi un certain état d’esprit.

Or, les choses ne fonctionne­nt plus de cette façon en 2021. Nous sommes en face d’une population éduquée et qui veut comprendre. Personnell­ement, je suis tout à fait enclin à suivre des règles si elles font partie d’un plan d’action collectif pour se sortir d’une crise de santé publique.

J’ajouterais même que je suis encore plus enclin au pardon d’erreurs et de changement­s de cap alors que nous vivons une pandémie, une situation jamais vécue dans le dernier siècle. Pouvons-nous sérieuseme­nt demander à nos gouverneme­nts d’être expériment­és et compétents en matière de réaction à une pandémie ?

Malgré cette inclinaiso­n à coopérer, je veux quand même comprendre. Je veux savoir pourquoi on fait les choses.

Je veux qu’on prenne le temps de me fournir les faits, les données, les expérience­s vécues ailleurs et les avis d’experts. Et je pense être représenta­tif d’une majorité de la population.

COMPRENDRE LE POURQUOI

À la question « Pourquoi telle ou telle mesure ? », se faire répondre : « parce que le gouverneme­nt l’a dit » n’est ni satisfaisa­nt ni acceptable. Bien sûr, jamais le gouverneme­nt n’a utilisé une approche ou un langage aussi autoritair­e.

Mais dans les faits, lorsque le Dr Arruda ne fournit aucune explicatio­n, c’est un peu ce qui est perçu.

Avec la fatigue d’une pandémie qui s’étire, toute l’approche de communicat­ion devrait évoluer.

Passer d’un mode « on veut une population qui obéit aux règles » à « on veut une population qui comprend les règles et agit logiquemen­t ».

Il faudra toujours la coercition et des amendes pour une minorité. Évitons de les rendre plus nombreux.

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