Une promesse détournée ?
Les syndicats et le Parti québécois craignent que le gouvernement détourne l’esprit de sa promesse électorale en comptabilisant, parmi les 5000 emplois de fonctionnaires qui seront régionalisés, ceux qui ont été relocalisés en banlieue. La ministre Sonia Lebel assure que non.
Selon la présidente du Conseil du trésor, depuis les dernières élections générales, environ 400 postes de fonctionnaires ont été régionalisés.
En novembre dernier, une première compilation obtenue par le Parti québécois à la suite d’une demande d’accès à l’information faisait état d’un peu moins de 300 effectifs régionalisés depuis le début du mandat. De ce nombre, on en retrouve une centaine en Montérégie et une cinquantaine dans les Laurentides.
« Ça ne marche pas », considère le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, qui rappelle que ce n’était pas du tout le sens de l’engagement qu’avait pris François Legault devant la Fédération québécoise des municipalités (FQM), à l’automne 2018.
« Quand on parlait de 5000 fonctionnaires en région, c’était des fonctionnaires qui viendraient travailler en région », se souvient d’ailleurs le président de la FQM, Jacques Demers.
« On ne voudrait vraiment pas que (la réalisation de la promesse électorale) soit maquillée par du télétravail », a-t-il prévenu.
« Saint-jérôme, ce n’est pas une région, c’est une banlieue de Montréal. La Montérégie, c’est la banlieue sud, a observé dans le même sens le président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Christian Daigle. [...] Il ne faut pas détourner des promesses qu’on fait. »
PLUS DE SERVICES EN RÉGION
« Moi, ce que je comprenais, c’est qu’on voulait redonner des services en région », a ajouté le chef syndical. « Pourquoi est-ce que les citoyens de Saguenay, Sept-îles, Baie-comeau, Gaspé et des autres régions ont moins de services publics alors qu’ils paient les mêmes impôts ? » a-t-il observé.
Or, c’est précisément ce que promet la ministre Lebel. Si des postes transférés en Montérégie et dans les Laurentides ont été comptabilisés jusqu’à maintenant par le Conseil du trésor, c’est que le plan de régionalisation officiel n’a pas encore été lancé. Ce sera fait avant l’été, promet-elle.
Le portrait actuel n’a « pas été fait dans l’effort contrôlé du plan de régionalisation qu’on se prépare à mettre en place », a-t-elle expliqué. Elle assure que les 5000 postes seront transférés de façon ciblée, dans « des régions où on a besoin de développer une expertise et où les retombées socioéconomiques sont les plus grandes », a dit Mme Lebel.