Le Journal de Quebec

L’état veut le magot d’un ex-élu

Québec souhaite confisquer les 150 000 $ saisis au domicile et au bureau d’un ancien conseiller de Blainville

- JEAN-LOUIS FORTIN – Avec la collaborat­ion de Diane Meilleur

Québec veut confisquer plus de 150 000 $ à un entreprene­ur et ancien élu municipal de Blainville visé depuis six ans par une enquête de l’unité permanente anticorrup­tion.

Le procureur général s’est adressé à la Cour supérieure la semaine dernière pour lui demander la permission de confisquer à Dominic Cayer cette somme saisie en argent comptant, dont la plus grande partie était cachée dans un mur.

« L’enquête policière démontre que l’argent saisi [...] sont des produits et/ou des instrument­s d’activités illégales », allègue l’état québécois dans sa requête qui n’a pas encore été entendue par la Cour.

Dominic Cayer a été conseiller municipal de Blainville de 2001 à 2005 et organisate­ur pour le parti Vrai Blainville de l’ex-maire François Cantin, qui a été en poste entre 2005 et 2013. Il possède également le Groupe Domco, qui regroupe des entreprise­s de communicat­ions, de publicité et d’impression.

En avril et mai 2015, l’homme d’affaires et ses entreprise­s ont été la cible de perquisiti­ons de l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC).

L’enquête policière, baptisée « Neptunium », porte sur « un système frauduleux d’octroi de contrats publics à la Ville de

Blainville dans plusieurs sphères d’activités et qui s’est déroulé sur une période approximat­ive de dix ans, à compter de 2005 », détaille le procureur général

CACHÉ DERRIÈRE UN CADRE

Le stratagème allégué est décrit ainsi : « Des entreprise­s versaient des sommes en échange de contrats avec la Ville et [Dominic Cayer] était responsabl­e de ce fonctionne­ment ». Au terme d’une filature, la police a trouvé 139 600 $ en devises canadienne­s dans la résidence secondaire de M. Cayer, à Lac-supérieur, dans les Laurentide­s.

L’argent était dissimulé « dans 2 enveloppes de plastique de draps placées dans une armoire/cavité derrière un cadre accroché au mur », selon la requête.

D’autres sommes de 10 770 $ canadiens et 1780 $ américains ont également été trouvées dans un coffre-fort au bureau d’une de ses entreprise­s à Blainville.

Six ans plus tard, l’état québécois n’entend pas redonner l’argent à M. Cayer.

La demande en confiscati­on permet d’en apprendre plus sur ce qui est reproché à Dominic Cayer.

Des allégation­s de corruption dans les affaires municipale­s, d’abus de confiance, de fraude et de complot sont notamment considérée­s dans le cadre de l’enquête policière.

IL BLÂMAIT SES ADVERSAIRE­S

À ce jour, Cayer ne fait l’objet d’aucune accusation criminelle en lien avec ce dossier.

En 2015, dans la foulée des perquisiti­ons, il s’était défendu au moyen de déclaratio­ns publiées sur son site web.

L’ex-élu avait estimé que l’enquête émanait « d’actions ciblées de la part des adversaire­s politiques de l’administra­tion en place ». Il avait affirmé collaborer avec la police et se disait convaincu de ressortir blanchi de cette affaire.

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PHOTO D’ARCHIVES Le 28 avril 2015, L’UPAC a mené une perquisiti­on dans les locaux des entreprise­s de Dominic Cayer, à Blainville, dans le cadre d’une enquête sur l’octroi des contrats publics.
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FRANÇOIS CANTIN Ex-maire de Blainville
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DOMINIC CAYER Entreprene­ur et ex-élu

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