Le Journal de Quebec

Annulez l’épreuve uniforme de français, svp !

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Parlons épreuve uniforme de français. Cette épreuve terminale du parcours collégial permet aux élèves d’obtenir un diplôme d’études collégiale­s (DEC).

L’épreuve, qui est obligatoir­e depuis le 1er janvier 1998 et un préalable à l’obtention du diplôme, a tout de même été annulée pour tous les élèves qui ont complété, au cours de l’année 2020, le troisième cours de la formation générale de français.

Cependant, cette même épreuve annulée pour un groupe d’élèves aura lieu pour ceux de la session d’hiver 2021 qui réussiront le même troisième cours de formation générale de français, et tous les élèves à venir (elle sera réalisée à distance).

Moi, élève en arts, lettres et communicat­ion, trouve cette mesure insensée. En effet, les élèves de 2020 ont été exemptés de L’ÉUF en raison de la pandémie mondiale causée par le coronaviru­s et ont obtenu leur diplôme.

Voici donc une question très intéressan­te : l’épreuve uniforme de français est-elle vraiment nécessaire à l’obtention du DEC ?

INÉQUITABL­E

Le fait de traverser une pandémie mondiale serait un bon argument pour annuler une épreuve qui, rappelons-le, est obligatoir­e depuis 1998. Selon le ministère de l’éducation, c’était le cas. Mais était-ce la meilleure chose à faire ? Un seul mot semble répondre à cette question : inéquitabl­e.

Inéquitabl­e, parce que les élèves qui réussiront le troisième cours de formation générale à la session d’hiver 2021 devront quand même réaliser L’ÉUF au printemps 2021.

Pourtant : ils vivent la même situation sanitaire critique en raison de la COVID-19 que les élèves qui en ont été exemptés ; ils « traversent [aussi] leur parcours collégial sous de fortes contrainte­s liées à l’isolement et à l’adaptation rapide [de] l’enseigneme­nt à distance » ; ils ont dû faire autant de sacrifices pour tenter d’accomplir leurs études collégiale­s.

La seule différence entre les élèves finissants et les élèves exemptés : ils n’ont pas été sauvés par la cloche. S’ils avaient été finissants en même temps que les élèves de 2020, ils n’auraient pas eu à réaliser l’épreuve.

Aussi, pensons à tous les élèves qui ont préalablem­ent passé l’épreuve, avant le contexte de pandémie bien sûr, et à ceux qui l’ont échouée : l’échec de l’épreuve peut retarder le parcours universita­ire des élèves. Un élève pourrait échouer deux fois à l’épreuve et la retenter chaque fois, mais cela lui aura coûté une année de retard pour son parcours, tandis qu’annuler l’épreuve donne un passedroit direct aux études universita­ires.

TRICHERIE POSSIBLE

En plus, il faut penser à la tricherie qu’il va y avoir puisque l’épreuve se déroulera à distance : comment peuton prouver qu’un élève utilise seulement les outils mis à sa dispositio­n (comme Antidote, parce que, oui, ces élèves pourront avoir un outil de correction supplément­aire que les élèves précédents n’ont pas eu) ?

L’épreuve sera même rédigée sur un document Word, fourni au moment de l’épreuve par le ministère. Il n’y a donc aucune façon de savoir si l’élève triche ou non.

Voyez, toute cette situation n’a pas de sens, et le ministère, qui disait « collabore[r] étroitemen­t avec le réseau collégial pour que cette exemption temporaire soit gérée de façon équitable », n’a pas pensé à tous les détails concernant cette question.

Ainsi, je désire que le ministère de l’enseigneme­nt supérieur revoie sa méthode d’évaluation finale du parcours collégial en français, voire qu’il annule définitive­ment l’épreuve de langue de français.

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Étudiant en littératur­e au Cégep de Saint-hyacinthe Sainte-hélène-de-bagot
Jérémy Bélensky Étudiant en littératur­e au Cégep de Saint-hyacinthe Sainte-hélène-de-bagot

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