Le Journal de Quebec

La CDPQ en Chine pour y rester

- SYLVAIN LAROCQUE

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) continuera d’investir en Chine « de façon prudente, sélective et extrêmemen­t vigilante » malgré les exactions de Pékin face à la minorité ouïgoure, a indiqué hier son grand patron.

« On est en Chine pour [...] son marché intérieur et ses consommate­urs, non pas pour appuyer un régime politique ou un autre. C’est la même logique dans n’importe quel pays », a déclaré Charles Émond en réponse au député Vincent Marissal de Québec solidaire.

M. Marissal lui avait demandé comment la Caisse pouvait investir en Chine alors que le pays est dirigé par un « régime inique ».

« La Chine est incontourn­able, a poursuivi M. Émond. On ne fera pas un débat là-dessus. Comme investisse­ur

[il y a] le rendement, la diversific­ation. Ce sera la plus importante économie mondiale d’ici quelques années. »

Pour réduire les risques, la Caisse investit principale­ment dans des entreprise­s cotées en Bourse dont la transparen­ce est plus grande et dans des actifs immobilier­s « qui servent directemen­t la population », a expliqué le dirigeant.

« On applique un filtre [...] extrêmemen­t rigoureux, a-t-il assuré. Dès qu’on a un enjeu [...] on n’investit pas. »

Charles Émond a précisé que les investisse­ments en Chine représenta­ient 3 % des actifs totaux de la Caisse, soit environ 11 milliards $ sur 366 milliards $. « C’est beaucoup moins que nos pairs », a-t-il insisté.

FORTE HAUSSE EN 2020

En 2020, la valeur des placements de l’institutio­n en actions d’entreprise­s chinoises a néanmoins bondi de plus de 55 % pour dépasser les 3,4 milliards $.

Des organisati­ons internatio­nales ont reproché à des entreprise­s chinoises, dont Huawei, Baidu, Alibaba et Hikvision, d’avoir développé des technologi­es permettant de surveiller les Ouïghours, une minorité ethnorelig­ieuse victime d’une répression menée par Pékin. Les entreprise­s concernées ont nié en bloc.

La Caisse a vendu ses actions de Hikvision en 2019. En 2020, elle a réduit sa participat­ion dans Baidu, mais a accru ses intérêts dans Alibaba. L’institutio­n n’a pas été actionnair­e de Huawei au cours des dernières années.

Newspapers in French

Newspapers from Canada