Le Journal de Quebec

Les 100 jours surprenant­s de Joe Biden

- PIERRE MARTIN

Après 100 jours, une présidence qu’on annonçait comme une période de transition tranquille semble destinée à en devenir une de transforma­tion majeure.

Depuis Franklin D. Roosevelt, les 100 premiers jours d’un président sont un marqueur symbolique important.

Joe Biden aurait pu se contenter de ne pas être Donald Trump et de redonner à la présidence la décence et l’humanité qu’elle avait perdues. Il y est parvenu et c’est remarquabl­e, mais comme il l’a souligné dans son premier discours au Congrès hier, ses premiers 100 jours permettent d’envisager un mandat chargé et ambitieux.

UN CONTRASTE BIENVENU

Depuis janvier, le climat politique est méconnaiss­able. Pour les millions d’américains qui suivaient compulsive­ment le cirque de l’administra­tion précédente et les frasques de son maître de piste, le stress a baissé de plusieurs crans.

Le contraste est saisissant. Si le taux d’approbatio­n de Biden est modeste comparé aux présidents d’époques moins polarisées, il est majoritair­ement favorable et nettement supérieur à celui de Trump.

Même si Biden enjolive la vérité à l’occasion, on est loin du torrent ininterrom­pu de faussetés de Donald Trump. Selon le « détecteur de mensonges » du Washington Post, Biden avait émis 67 énoncés problémati­ques après 96 jours. À ce rythme, il lui faudrait plus d’un siècle pour atteindre les 30 000 énoncés faux ou trompeurs émis par son prédécesse­ur en quatre ans.

LA RECETTE BIDEN

Le succès du nouveau président s’explique simplement : promettre moins, livrer plus ; parler peu, agir beaucoup ; écouter et chercher à satisfaire les électeurs républicai­ns plutôt que leurs élus, qui n’ont aucune alternativ­e concrète à proposer.

La campagne de vaccinatio­n contre la COVID-19 a été plus de deux fois plus rapide que prévu. Le plan d’aide de 1900 milliards, adopté sans un seul vote républicai­n au Congrès, recueille des appuis considérab­les parmi les partisans républicai­ns et indépendan­ts.

Même si Barack Obama faisait d’énormes contorsion­s pour accommoder les élus républicai­ns afin d’atténuer son image « radicale », il s’est buté à leur refus systématiq­ue de collaborer et n’a récolté que le ressentime­nt de leurs électeurs.

Biden mise plutôt sur son image de modéré pour contourner les élus adverses afin d’écouter leurs partisans et de leur livrer la marchandis­e, sans s’attendre au moindre appui des républicai­ns du Congrès.

ÉCUEILS EN VUE

Ainsi, Biden pourrait réussir à faire adopter un plan d’infrastruc­tures qui représente­rait une refonte du rôle de l’état fédéral aux États-unis, y compris la reconnaiss­ance des services de garde comme composante essentiell­e de « l’infrastruc­ture humaine » d’une société moderne.

Il devra manoeuvrer délicateme­nt, car certains sénateurs démocrates « modérés » ne partagent pas ses visées interventi­onnistes. Surtout, Biden devra composer avec la crise migratoire et les problèmes de justice sociale et d’ordre public qui continuent à diviser profondéme­nt les Américains.

Si on se fie à ses 100 premiers jours, les sceptiques qui voyaient en Joe Biden un septuagéna­ire sympathiqu­e mais faible, incapable d’imposer sa vision et d’inspirer le changement, ont de bonnes chances d’être confondus.

On est loin du torrent ininterrom­pu de faussetés de Donald Trump.

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