Ses insultes homophobes lui coûteront 10 000 $
Un homme qui recevra plus de 10000 $ en dédommagements pour s’être fait traiter de « tapette » en public par son oncle souhaite maintenant inspirer d’autres victimes à dénoncer leurs intimidateurs.
« On est en 2021. Traiter quelqu’un comme ça, ça ne se fait pas. J’encourage les victimes qui se font agresser à porter plainte ou à aller chercher de l’aide », confie Marco Ayotte, 36 ans.
Dans une décision du Tribunal des droits de la personne, la juge Magali Lewis a condamné son oncle, Norman Tremblay, à le dédommager pour les propos qu’il a tenus pour l’humilier lors d’une altercation verbale survenue dans un dépanneur de Saint-jean-de-matha, le 27 juillet 2018.
Ce jour-là, M. Tremblay l’a notamment traité « d’os... de tapette » et lui a lancé qu’il avait bien fait de tenter de se suicider.
L’oncle a aussi fait des simagrées, un mouvement de « va-et-vient » du bassin, devant son neveu et son conjoint de l’époque. Ces images ont été captées par une caméra de surveillance.
AUCUNE EMPATHIE
Lors de l’audience, M. Tremblay n’a démontré aucune empathie. Le tribunal n’a pu que constater qu’il refusait de considérer que ses propos et ses gestes étaient à caractère homophobe.
M. Ayotte raconte toutefois que cet épisode est survenu peu après sa sortie du placard, le plongeant dans une profonde dépression.
« Je regrettais. Je me disais : est-ce que ça va être comme ça toute ma vie ?
Si un membre de ma famille peut faire ça, je n’imagine pas les autres », se remémore-t-il.
« Le manque d’humanité dont M. Tremblay a fait preuve, alors qu’il savait [son neveu] aux prises avec une difficulté profonde d’acceptation de son orientation sexuelle, témoigne de la facilité avec laquelle les gens se laissent aller à la méchanceté sans considération pour le mal qu’ils infligent », fait valoir la juge Magali Lewis, dans sa décision.
RECONNAISSANCE
« De voir que j’ai pu être reconnu comme une victime, je n’ai pas de mots », témoigne M. Ayotte.
Le tribunal a en effet condamné son oncle à lui verser 10 378,78 $ en dommages moraux, punitifs et matériels. Or, ce montant n’a pas d’importance aux yeux du père de famille qui a depuis refait sa vie.
Celui-ci aimerait toutefois que cette somme soit dissuasive pour les intimidateurs.
« J’espère que les personnes qui utilisent des mots dont ils ne [saisissent] pas l’importance comprennent que ça n’a pas de sens, dit-il. On voit un vent de changement au niveau de la diversité dans l’actualité, une ouverture. Le monde prend parole. »
PROCESSUS DE GUÉRISON
L’homme affirme également que sa ténacité dans cette affaire a contribué à son processus de guérison.
Il espère désormais que cela pourra donner de la force à ceux qui n’osent pas porter plainte. « De dire comment je me suis senti [à la cour], ça m’a aidé à me rebâtir », poursuit-il, soulagé.