Le Journal de Quebec

Québec serre la vis aux cadres sur les heures supplément­aires

Le ministère de la Santé dit s’inquiéter de la surcharge de travail

- ÉRIC YVAN LEMAY e eric- yvan.lemay@quebecorme­dia.com

En pleine troisième vague de la pandémie, le ministère de la Santé a demandé de réduire les heures supplément­aires effectuées par le personnel cadre en disant notamment s’inquiéter pour leur santé.

La lettre envoyée par le ministère de la Santé aux dirigeants d’hôpitaux a été mal reçue par plusieurs cadres qui ont multiplié les heures depuis le début de la pandémie.

« On écoeure tout le monde. Ça fait un an qu’ils travaillen­t d’arrache-pied, certains sont sortis de la retraite pour prêter mainforte et c’est ainsi qu’on les remercie », dénonce Anne-marie Chiquette de L’APER qui représente plusieurs cadres du réseau de la santé.

IMPACT SUR LA SANTÉ

Le ministère estime que le grand nombre d’heures supplément­aires effectué par certains cadres peut avoir un impact sur leur santé.

« Au cours des derniers mois, les autorités ministérie­lles ont exprimé des préoccupat­ions relativeme­nt à la charge de travail des cadres », a indiqué le sous-ministre Vincent Lehouillie­r pour justifier le fait de baliser de façon plus serrée les heures supplément­aires.

Depuis dimanche, les PDG d’établissem­ents de santé doivent appliquer de nouvelles règles dictées par le gouverneme­nt Québec.

√ Les heures travaillée­s entre 35 et 40 heures ne doivent pas être payées ou compensées.

√ Toutes les heures travaillée­s au-delà de 50 heures doivent être approuvées par la haute direction.

√ Seules les heures supplément­aires liées à la COVID-19 peuvent être payées.

√ Les directions doivent privilégie­r le paiement des heures supplément­aires plutôt qu’une compensati­on en temps. Si elle prend des ententes, il faut éviter de dépasser deux semaines en temps.

120 MILLIONS $

Depuis le début de la pandémie, les établissem­ents avaient pris l’habitude de rémunérer les heures supplément­aires, une mesure qui aurait coûté 120 millions $ jusqu’à maintenant.

En temps normal, les heures supplément­aires des cadres ne sont pas payées, mais la pandémie a mené au déploiemen­t de mesures exceptionn­elles.

Sur le terrain, certains sont découragés et estiment qu’en voulant limiter leur paye, on leur manque de reconnaiss­ance.

DÉMOBILISA­TION

« Il y en a qui veulent lâcher », dit une cadre qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat.

Une situation qui pourrait s’avérer problémati­que puisque certains cadres vont prêter main-forte dans les cliniques de vaccinatio­n, pour le dépistage ou dans d’autres établissem­ents où il manque de personnel.

« Depuis le début de la pandémie, certains cadres ont effectué un grand nombre d’heures supplément­aires, ce qui se traduit par un rehausseme­nt important de leur rémunérati­on », a précisé Marjorie Larouche, une porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux par courriel.

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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN ALARIE La décision de Québec de baliser les heures supplément­aires des cadres pourrait avoir un impact sur les centres de vaccinatio­n, comme celui du Palais des congrès.

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