Le Journal de Quebec

Des élus sans formation en éthique

La Commission municipale du Québec a identifié des maires et des conseiller­s fautifs dans 34 municipali­tés

- JEAN-LUC LAVALLÉE

Une municipali­té sur trois, parmi celles vérifiées par la Commission municipale du Québec, compte dans ses rangs au moins un élu n’ayant pas suivi la formation obligatoir­e sur l’éthique.

Au moins 65 élus ont omis de suivre cette formation, a découvert la Commission municipale du Québec (CMQ) dans les derniers mois.

Dans les faits, il y en a probableme­nt beaucoup plus que cela, à l’échelle de la province, qui ont manqué à leur devoir.

L’audit de conformité a été réalisé auprès de 100 municipali­tés, alors que le Québec en compte 11 fois plus.

Cette formation en éthique, une obligation légale depuis 2010 pour tous les nouveaux élus, doit être complétée dans les six mois suivant le début de leur mandat.

Aucun suivi n’avait été fait auparavant, ni par le ministère des Affaires municipale­s ni par la CMQ, comme l’avait révélé notre Bureau d’enquête dans une série de reportages sur l’éthique dans le monde municipal, en novembre.

Sur les 100 municipali­tés analysées par la CMQ, 13 se distinguen­t par au moins deux élus qui n’ont pas suivi la formation ( voir la carte).

DANS LES PETITES MUNICIPALI­TÉS

Les élus délinquant­s sont concentrés dans les plus petites localités, de 130 à 1500 habitants.

À Saint-augustin, sur la Basse-côteNord, cinq élus sur sept n’ont pas respecté cette exigence légale, apprend-on.

Le rapport de la CMQ ne précise pas si la mairesse Gladys Driscoll Martin, mise à l’amende par le DGEQ pour avoir promis ou accordé un avantage à un électeur en échange de son vote, en fait partie.

À Notre-dame-de-lorette, au Lac-saintJean, les six membres du conseil actuel ont tous été pris en défaut.

À Biencourt, dans le Bas-saint-laurent, six élus sur sept ont omis de suivre la formation, alors qu’à Laforce, en Abitibi-témiscamin­gue, on en compte cinq.

La CMQ a également identifié trois élus dans chacune des municipali­tés suivantes : Sainte-élisabeth (Lanaudière), Blanc-sablon (Basse-côte-nord), Saint-stanislas (Saguenay–lac-saint-jean) et SaintCharl­es-garnier (Bas-saint-laurent).

« Notons que durant la période suivant le scrutin général de novembre 2017, de nombreuses communicat­ions ont été destinées à rappeler aux élus municipaux leur obligation de suivre la formation », peut-on lire dans le rapport d’audit de la CMQ.

UNE LONGUE LISTE D’EXCUSES

Parmi les différente­s excuses invoquées, certains élus évoquent la difficulté de se rendre à leur formation en raison d’une tempête ou de la maladie.

D’autres disent éprouver des difficulté­s à trouver une formation en anglais.

La connexion internet déficiente, en région éloignée, complique aussi la tâche d’élus qui veulent assister à une formation virtuelle.

Les plus petites municipali­tés sont assujettie­s aux mêmes exigences que les plus grandes, mais ne disposent pas d’autant de ressources pour s’y conformer, rappelle-t-on.

PAS DE SANCTIONS

Malgré le caractère obligatoir­e de cette formation, aucun élu ne sera sanctionné à la suite des découverte­s de la CMQ.

Des recommanda­tions ont été faites à l’ensemble des municipali­tés et un plan d’action a été exigé.

Le défaut d’assister à cette formation constitue néanmoins un « facteur aggravant » si un élu se fait épingler pour une autre entorse à l’éthique.

Rappelons que les travaux parlementa­ires pour le projet de loi 49, qui vise à renforcer l’éthique dans le monde municipal, ont débuté la semaine dernière. Le projet de loi prévoit une nouvelle dispositio­n permettant à un juge d’obliger un élu à suivre une formation, s’il est trouvé coupable d’avoir enfreint son code d’éthique.

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