Le Journal de Quebec

Plus de dénonciati­ons pour agressions

Les victimes de crime sexuel sont plus nombreuses à se tourner vers la justice, malgré les délais de la pandémie

- LAURENT LAVOIE

Les victimes d’agression sexuelle se sont plus que jamais tournées vers les tribunaux pour dénoncer leurs bourreaux l’année dernière, selon des données obtenues par Lejournal en vertu de la Loi sur l’accès à l’informatio­n.

« Ça traduit tant un mouvement social de libération de la parole, de prise conscience de la part des victimes et des survivante­s, et aussi un résultat des efforts des ressources sur le terrain », se réjouit la directrice générale de Juripop, Me Sophie Gagnon.

L’organisme offre des conseils juridiques gratuits pour les victimes d’agression depuis bientôt un an.

Plus de 1600 chefs d’accusation d’agression sexuelle ont été déposés en 2020, un sommet au cours des 10 dernières années. Il s’agit d’ailleurs d’un bond de 46 % par rapport à 2016, révèlent des statistiqu­es du ministère de la Justice du Québec.

Les nombreuses ressources spécialisé­es, comme la ligne téléphoniq­ue du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) pour les victimes de violence sexuelle, pourraient entre autres expliquer cette hausse.

TROP TÔT POUR SE RÉJOUIR

Pour Me Gagnon, il est trop tôt pour dire si les autorités ont gagné la confiance des plaignante­s.

Or, il s’agira de « la seule voie pour que la société condamne étatiqueme­nt la violence sexuelle, qu’on puisse empêcher la récidive », estime-t-elle.

La durée des procédures, considérée comme un fardeau pour les victimes, était relativeme­nt à la baisse depuis quelques années, selon les données du ministère de la Justice.

Cette tendance a été freinée l’an dernier, alors que les délais sont repartis à la hausse en raison de la pandémie de COVID-19.

Pour que les dossiers aillent de l’avant malgré la crise sanitaire, le DPCP indique avoir contribué activement à la tenue d’audiences virtuelles.

Au-delà du processus juridique, « si la personne sent qu’elle n’est pas seule et qu’elle est accompagné­e, ça fait en sorte qu’elle a l’impression d’être entendue », soutient la porte-parole et coordonnat­rice au réseau des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), MarieChris­tine Michaud.

Certains accusés coupent cependant court aux procédures. Depuis 2015, environ 25 % d’entre eux reconnaiss­ent leur culpabilit­é au premier jour du procès. Un tel plaidoyer a tendance à réduire la peine qui sera imposée, de quoi laisser les plaignante­s sur leur faim.

Le gouverneme­nt québécois étudie actuelleme­nt la possibilit­é d’instaurer un tribunal spécialisé en matière d’agressions sexuelles pour améliorer le traitement des plaintes.

Pour joindre la ligne téléphoniq­ue du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales à l’intention des victimes de violence sexuelle qui songent à déposer une plainte aux policiers, composez le 1 877 547-DPCP (3727)

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, COURTOISIE DARREN BROWN ?? L’avocate Sophie Gagnon, de l’organisme Juripop, associe la hausse du nombre de causes d’agressions sexuelles devant les tribunaux à la prise de conscience des victimes et aux récentes vagues de dénonciati­on.
PHOTO D’ARCHIVES, COURTOISIE DARREN BROWN L’avocate Sophie Gagnon, de l’organisme Juripop, associe la hausse du nombre de causes d’agressions sexuelles devant les tribunaux à la prise de conscience des victimes et aux récentes vagues de dénonciati­on.

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