Le Journal de Quebec

On l’a échappé belle pour le Grand Prix

- MICHEL GIRARD michel.girard @quebecorme­dia.com

En ces temps de crise sanitaire, c’est « malheureus­ement » une bonne nouvelle que d’annuler pour une deuxième année de suite le Grand Prix de Formule 1 du Canada.

Je ne vois pas comment les trois principaux bailleurs de fonds du Grand Prix, à savoir les gouverneme­nts de Justin Trudeau et de François Legault et la Ville de Montréal de Valérie Plante, auraient pu justifier l’injection de fonds publics dans un événement qui se serait tenu sans la présence de spectateur­s ni l’entraîneme­nt de retombées économique­s.

Soyons réalistes. Les 18 à 19 millions de dollars que l’on doit verser annuelleme­nt dans le cadre de l’entente avec Formula One World Championsh­ip (FOWC), dont l’actionnair­e principal est la multinatio­nale américaine Liberty Media, ne se justifient qu’à la lumière des retombées économique­s que le Grand Prix de Montréal rapporte avec la présence de touristes étrangers.

Financer avec les fonds publics la tenue à huis clos d’un tel événement touristiqu­e alors que les frontières sont actuelleme­nt « fermées » aux étrangers, tout en acquittant de surcroît une facture additionne­lle de 6 millions de dollars en guise de compensati­on financière pour aider le promoteur François Dumontier à payer les coûts d’organisati­on du Grand Prix devant aucune assistance, aurait été politiquem­ent injustifia­ble.

Mais si les bonzes de Liberty

Media s’étaient montrés inflexible­s en menaçant de retirer à Montréal son Grand Prix, je vous parie que les Legault, Trudeau et Plante auraient trouvé le moyen de payer quand même la fichue facture.

On l’a échappé belle. Heureuseme­nt, Liberty Media n’est pas l’intransige­ant Bernie Ecclestone, l’ancien grand manitou de la Formule 1 qui avait la menace facile.

PÉRENNITÉ ASSURÉE

Les gouverneme­nts Trudeau et Legault ont réussi à conclure avec FOWC de Liberty Media une entente qui assure le retour du Grand Prix du Canada l’an prochain, tout en prolongean­t de deux années de plus l’entente actuelle, soit jusqu’en 2031 au lieu de 2029.

Inflation « oblige », les éditions additionne­lles de 2030 et de 2031 coûteront respective­ment 25 et 26 millions de dollars, soit de 6 à 7 millions $ de plus que les éditions avortées de 2020 et de 2021.

L’ATOUT DU GRAND PRIX

Il faut dire que le Grand Prix est le plus important événement touristiqu­e annuel à se tenir au Canada en raison du grand nombre de touristes étrangers qui viennent expresséme­nt à Montréal lors de la semaine de l’événement.

Organisé au début de juin, le Grand Prix est l’événement qui lance généraleme­nt la saison touristiqu­e au Québec. Une panoplie de commerces locaux profitent largement de celui-ci pour arrondir leurs fins de mois.

Les retombées économique­s de la tenue du Grand Prix sont estimées à environ une cinquantai­ne de millions de dollars.

Mais, au-delà des retombées économique­s, la véritable « valeur » du Grand Prix de F1 sur le circuit Gilles-villeneuve, c’est de permettre à Montréal de rayonner à l’échelle planétaire dans 150 médias et 25 pays, le temps d’un gros week-end.

C’est ce rayonnemen­t planétaire qui explique pourquoi tant de pays et de grandes villes sont prêts à verser des sommes colossales (le double, ou même le triple de ce qu’on paye) pour présenter un Grand Prix de F1.

La véritable « valeur » du Grand Prix de F1 c’est de permettre à Montréal de rayonner à l’échelle planétaire

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