Le Journal de Quebec

Ses problèmes de santé chroniques minent ses finances personnell­es

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril c @quebecorme­dia.com

Lucie, 30 ans, souffre d’une maladie chronique depuis son enfance. Ce problème de santé affecte grandement sa qualité de vie et lui coûte aussi très cher en soins médicaux. Or, la pandémie va apporter à la jeune femme un lot d’embûches supplément­aires.

Travaillan­t dans le domaine de la vente, Lucie a été rapidement affectée par les fermetures dans son secteur d’activité. Et même quand les commerces ont ouvert leurs portes à nouveau, le fait qu’il soit désormais obligatoir­e de porter un masque en tout temps constitue un obstacle. À cause de sa maladie, il lui est très difficile de garder un masque sur son visage pendant de longues heures.

Elle a donc cessé de travailler et ses revenus ont chuté considérab­lement. Ne touchant depuis plusieurs mois que les prestation­s de maladie de l’assurance-emploi, elle peine à faire face à ses dépenses. Elle doit en effet débourser plusieurs centaines de dollars chaque mois pour ses médicament­s, dont certains ne sont pas remboursés par la Régie d’assurance maladie.

De plus, elle a aussi un prêt personnel (15 000 $), une marge de crédit (5000 $) et trois cartes de crédit (8000 $) à payer. Lorsqu’elle avait encore un emploi, son salaire lui permettait de payer ses soldes avec régularité, mais la détériorat­ion de sa situation financière a changé la donne.

PEU D’ACTIFS ET BEAUCOUP DE DETTES

Lorsque les créanciers ont commencé à se manifester pour obtenir leur dû, Lucie a paniqué. Elle est non seulement inquiète à cause de ses dettes, mais aussi pour sa santé, car elle est très affectée par le stress. Désireuse de retrouver un certain équilibre financier, elle s’est décidée à aller chercher de l’aide.

« Quand elle est venue nous rencontrer, nous avons commencé par dresser une liste de ses biens et de leur valeur marchande. Nous avons aussi refait son budget pour déterminer quelle était sa capacité de remboursem­ent », explique Vanja Aladin, conseillèr­e principale en redresseme­nt financier chez Raymond Chabot.

En termes de biens, Lucie ne possède qu’un véhicule d’occasion d’une valeur de 2000 $, ainsi que 5000 $ en REER qui sont insaisissa­bles, car la cotisation n’a pas été effectuée au cours des 12 derniers mois.

Elle touche chaque mois 1950 $ en prestation de maladie de l’assurancee­mploi alors que ses dépenses mensuelles de base s’élèvent à 1560 $. Il est donc possible de dégager quelques centaines de dollars pour rembourser les créanciers.

Parallèlem­ent, elle est endettée de 28 000 $. Elle a déjà essayé d’obtenir un prêt de consolidat­ion de son institutio­n financière, mais il lui a été refusé, car son niveau d’endettemen­t est trop élevé, ses revenus trop faibles et son dossier de crédit est déjà entaché.

INÉVITABLE FAILLITE

Vanja Aladin a suggéré deux options à Lucie. La première est la propositio­n de consommate­ur, qui consiste à prendre entente avec les créanciers pour leur rembourser une portion des dettes sur une période d’au maximum cinq ans.

« Cette solution aurait pu être intéressan­te si la santé de Lucie lui avait permis de retourner travailler et d’augmenter ainsi ses revenus. Mais ce n’est pas le cas et qui plus est, ce type d’entente est trop lourde à porter sur ses épaules, compte tenu de ses problèmes de santé », explique la conseillèr­e.

Lucie a donc préféré faire faillite, ce qui convenait davantage à sa situation. Elle désire en effet pouvoir se libérer rapidement de ses dettes et se concentrer sur sa réhabilita­tion physique. La faillite lui permettra en effet d’éliminer les soldes de son prêt personnel, de sa marge et de ses cartes de crédit. Le processus prendra neuf mois, durant lesquels elle versera des montants mensuels de 225 $ au syndic. Cette somme comprend aussi le rachat de la valeur marchande de son véhicule, qu’elle souhaite conserver.

Son dossier de crédit présentera la cote R-9 – la pire – pendant toute la durée de la faillite et jusqu’à six ans par la suite. Néanmoins, cette solution l’aidera à prendre un nouveau départ.

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