Le Journal de Quebec

Radio-canada n’a pas de quoi pavoiser

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

L’organisati­on des médias francophon­es publics vient de publier dans La Presse+ un pavé publicitai­re célébrant la contributi­on exceptionn­elle de ses membres durant la pandémie.

L’organisati­on rassemble 11 groupes de médias en France, en Belgique, en Suisse et au Canada. Les membres canadiens sont Radio-canada, Télé-québec, TV5 et TFO, la méritoire télévision francophon­e de l’ontario.

L’annonce vante d’abord la qualité de l’informatio­n des médias francophon­es publics, notamment leur « couverture particuliè­re » des élections américaine­s. Je ne vois pas en quoi les téléspecta­teurs des réseaux publics furent mieux servis que les autres durant ces élections ayant donné lieu à tant de débordemen­ts. Quant à moi, c’est avec CNN que j’ai passé une partie de la soirée du 3 novembre et encore à CNN que j’ai regardé l’assaut contre le Capitole de Washington, le 6 janvier.

Les médias publics francophon­es furent-ils plus objectifs ? Sûrement plus que certains réseaux américains, même si plusieurs lecteurs de nouvelles, de notre télé publique ou privée, ne se privaient pas de railler Donald Trump et ses partisans. L’élection américaine et les réseaux sociaux ont donné naissance à plusieurs émissions de décryptage ayant pour mission de départager le vrai du faux. Ces émissions continuent d’être populaires, les fake news étant devenues une constante de notre vie quotidienn­e.

UNE CHAÎNE CULTURELLE ÉPHÉMÈRE

L’annonce souligne avec raison la création par France Télévision­s de la chaîne éphémère « Culturebox » (eh oui, un nom anglophone !). Depuis le début de février, cette chaîne gratuite et sans publicité diffuse 24 heures par jour et sept jours par semaine des concerts, des festivals, des pièces de théâtre, du ballet, des documentai­res d’art, etc. Seulement des émissions qui touchent la culture sous toutes ses formes. Culturebox devait cesser d’exister demain soir, mais continuera jusqu’en septembre, mais diffusant à partir de 20 h seulement.

L’annonce fait état comme il se doit du « passeport culturel » de Télé-québec donnant accès à 12 grands spectacles, dont

Le petit prince avec le TNM et l’orchestre métropolit­ain, La face cachée de la lune de Robert Lepage, Les Harding, un récital inoubliabl­e de Joe Bocan, Marie Carmen et Marie-denise Pelletier, etc.

La très louable initiative de Télé-québec et celle de France Télévision­s auraient dû inspirer Radio-canada. D’autant plus que Cbc/radio-canada a reçu du gouverneme­nt fédéral des fonds exceptionn­els pour pallier la perte de revenus subie durant la pandémie. Si Radio-canada a débrouillé RDI durant quelques mois (comme le furent LCN et les autres chaînes d’informatio­n continue, d’ailleurs), RDI est redevenue payante le 30 juin 2020, même si la pandémie perdure.

UN FAIT REMARQUABL­E ?

Chez ARTV, le « rejeton culturel » de Radio-canada, ce fut « business as usual ». Alors que le monde de la culture était frappé plus que tout autre, sauf peut-être la restaurati­on et l’hôtellerie, Radio-canada n’a pas cru bon débrouille­r ARTV. Y a-t-on seulement pensé ? On a tout au plus diffusé un concert de L’OSM le samedi soir 10 avril à la première chaîne et diffusé quelques captations de pièces de théâtre à la radio.

Sans ironie, l’annonce cite enfin comme un fait remarquabl­e que Radio-canada « a maintenu son “talk-show” Bonsoir Bonsoir aux premières heures de la crise, alors que les plateaux télé étaient presque tous à l’arrêt ».

Évidemment, il ne faut pas trop en demander à un réseau public qui vient de mettre en ondes deux émissions aussi insignifia­ntes que Comment tu t’appelles? et Question de jugement. Radio-canada n’a vraiment pas de quoi pavoiser !

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