Le Journal de Quebec

Le deuil du sexe, on fait ça à quel âge ?

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J’amorce la soixantain­e, pas encore mûre pour prendre ma retraite du travail, mais certaineme­nt mûre pour prendre la retraite de ma vie sexuelle. Certaines amies me disent que je n’ai pas encore l’âge, mais moi, je pense que oui. Peut-être que le détail de mon parcours sur ce plan va vous en convaincre.

J’ai eu ma première relation à 18 ans avec un homme marié. Il m’a séduite, sans quitter sa femme bien sûr, et j’ai vécu avec lui une relation clandestin­e qui a duré trois ans. J’étais sa chose et je l’acceptais, puisque j’étais convaincue qu’il allait un jour m’épouser, vu que j’étais la femme de sa vie.

Puis il en a trouvé une plus jeune, plus belle et toute disposée à faire ses volontés. Il m’a quittée. J’ai mis une année à m’en remettre et plusieurs autres à comprendre que j’étais une fille manipulabl­e, enchaînée dans des relations où j’étais le jouet du gars du moment.

À 35 ans, j’en ai eu assez et j’ai fait une pause dans ma course vers l’homme idéal pour construire ma famille. J’ai mis deux ans à trouver le candidat. Mais encore une fois, c’était le maudit attrait physique qui m’avait menée vers lui. Et encore une fois, j’étais incapable de refuser de faire ce qui ne me plaisait pas, parce que je l’aimais tellement.

C’est à 53 ans, après seize ans de vie commune et deux enfants, que j’ai pris la mesure du vide de ma vie de couple avec un homme qui « baisait », mais qui ignorait ce que c’était que « faire l’amour ». Un homme pour qui j’étais bonne à exhiber en société, mais qui dans le privé me traitait comme sa bonne à tout faire.

Je n’ai eu aucun homme à temps plein dans ma vie pendant les trois années qui ont suivi, que j’ai consacrées à mener mes enfants sur le marché du travail. Je me contentais d’une baise sans conséquenc­e à droite et à gauche, et ça me suffisait.

Une fois les enfants partis de la maison, je me suis tournée vers les réseaux sociaux pour combler le vide de ma vie amoureuse. Et je n’y ai trouvé que du sexe. Exactement comme avant. Alors rendue à 60 ans, j’ai décidé d’accrocher mes patins. Fini le cul pour le cul. Je m’occupe de moi. Mes amies de fille me traitent de folle puisque je suis encore physiqueme­nt attirante. Mais je ressens une telle lassitude face au sexe que je n’ai même plus envie d’essayer.

Une qui a trop donné

J’espère que vous ne m’écrivez pas pour que je vous convainque de ne pas suivre votre instinct, car je ne le ferai pas. Il est temps de penser à vous en des termes de compassion en lieu et place de ce que vous avez toujours fait auparavant. Mais aurez-vous le courage de vos ambitions ? Seuls l’avenir et votre véritable écoeuremen­t du « sexe pour le sexe » vous le diront. Bonne chance quand même !

À Noël dernier, alors que je me désespérai­s de ne pas pouvoir recevoir mes petits-enfants à la maison pour cause de pandémie, j’ai eu la surprise de ma vie. Ma fille, son mari et leurs enfants sont venus déposer sur mon perron un paquet-cadeau qui contenait un petit chaton gris et blanc.

Moi qui avais toujours refusé à ma fille d’adopter quelque animal que ce soit dans son enfance, je me voyais contrainte à m’occuper d’un chat que je n’avais jamais souhaité héberger. Cela parce qu’elle a été contaminée par un mari amoureux des bêtes. Par votre Courrier, je souhaite les remercier de m’avoir fait ce cadeau qui, vous ne le croirez pas, a changé ma vie, en MIEUX !

Une mamie heureuse

Avis à toutes les personnes qui se refusent parfois, sans savoir pourquoi, certains plaisirs de la vie.

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