Le Journal de Quebec

Quels sont les risques lorsqu’on paye ses funéraille­s de son vivant

- Daniel Germain daniel.germain@quebecorme­dia.com

Je serais curieux de connaître le profil de ces personnes qui règlent d’avance l’achat de leur service funéraire. J’imagine des gens discrets et ordonnés, pas très riches, qui préfèrent se priver un peu de leur vivant pour atténuer le dérangemen­t provoqué par leur grand départ.

Je trouve ça honorable.

C’est d’ailleurs l’argument principal derrière l’offre des arrangemen­ts funéraires préalables : libérer les proches endeuillés de la responsabi­lité supplément­aire de magasiner en vue du cérémonial funèbre.

Mais en général, je suis plutôt méfiant à l’égard de ces arguments qui jouent sur les sentiments. Y a-t-il un risque à souscrire ce type de contrat et quelles sont les autres options ?

La Corporatio­n des thanatolog­ues estime qu’entre 30 % et 40 % des prestation­s de services funéraires sont livrées en vertu de telles ententes de préarrange­ment. L’organisati­on ne tient pas de statistiqu­es, bien qu’elle avance que, le plus souvent, les contrats impliquent des sommes de 4000 $ et moins… Ce n’est pas rien, mais loin d’être suffisant pour dépasser les limites de la sobriété, voire du minimum.

DEUX CONTRATS

Les préarrange­ments funéraires impliquent deux contrats distincts en fait. Le premier concerne les services (crémation, embaumemen­t, cérémonie…) et les produits funéraires (cercueil, urne, pierre tombale…). Le second touche la sépulture, soit l’achat et l’entretien d’un emplacemen­t pour déposer le corps ou les cendres.

Les contrats doivent entre autres comporter une descriptio­n des biens et des services acquis. Dans le cas de la sépulture, son emplacemen­t et ses dimensions doivent être indiqués. On doit y retrouver les prix de chaque élément, le coût total et les modalités de paiement ; 90 % des sommes versées seront placés en fidéicommi­s, donc sous bonne protection.

Une copie des ententes doit être envoyée à une tierce personne (choisie par le signataire) et les contrats doivent être inscrits à un registre, tout nouveau de cette année. Les entreprise­s de services funéraires et les exploitant­s de cimetières sont tenus de le consulter avant de conclure un nouveau contrat avec un client.

ENCADREMEN­T TRÈS STRICT

Ce commerce est strictemen­t encadré. Par exemple, il est interdit aux entreprise­s de services funéraires de faire de la sollicitat­ion téléphoniq­ue, dans les hôpitaux, les centres d’hébergemen­t, etc.

L’office de la protection du consommate­ur, qui veille à l’applicatio­n de la loi dans cette industrie, dénombre très peu de plaintes. Je ne dis pas que l’achat de préarrange­ments funéraires ne comporte aucun risque, mais ce risque semble faible et on peut toujours le mitiger en faisant affaire avec des enseignes reconnues.

Sur le principe, je n’ai rien contre l’idée de prendre des dispositio­ns de son vivant pour préparer un événement inéluctabl­e. Le coût de renonciati­on paraît fort négligeabl­e compte tenu de la clientèle, qu’on devine prudente.

Mieux vaut ne pas acheter trop à l’avance, et, comme n’importe quoi, rester dans les limites de ses moyens. Ce serait fâcheux de devoir couper sur l’essentiel de son vivant afin de marquer les mémoires avec des extravagan­ces, après sa mort.

Ce n’est pas du dernier party que l’entourage se souviendra.

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