Les débardeurs se battront jusqu’au bout
Le syndicat amorce sa contestation de la loi spéciale par une plainte à l’organisation internationale du Travail
Encore sous le choc de l’adoption à la Chambre des communes d’une loi forçant leur retour au travail, les débardeurs du port de Montréal préviennent qu’ils la contesteront par tous les moyens, y compris devant l’organisation internationale du Travail (OIT), à Genève.
« Dès lundi, nous avons saisi L’OIT d’une plainte, a confirmé hier le conseiller syndical et porte-parole des débardeurs, Michel Murray. Nous n’avons pas hésité, étant donné le dépôt par le gouvernement d’un projet inconstitutionnel et en porte-à-faux total avec les traités internationaux que le Canada a signés en la matière.
Adoptée par la chambre basse grâce à l’appui des libéraux et des conservateurs, cette loi vise à forcer le retour au travail des débardeurs et la poursuite des activités de chargement et de déchargement du port. Pendant ce temps, syndicat et employeurs reprendraient leurs travaux dans le cadre d’un processus imposé de médiation-arbitrage.
Cette loi doit être examinée au Sénat aujourd’hui, avant d’être approuvée et entrer en vigueur. Les représentants des quelque 1125 débardeurs du port, affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique, prévoient aller y plaider leur cause.
RUE BLOQUÉE
« Nous exposerons l’entièreté de la situation afin de démontrer que cette loi n’est pas nécessaire et qu’elle brime le droit des salariés de négocier collectivement et de faire la grève », a expliqué Michel Murray, lui-même un ancien débardeur.
En point de presse, tandis que des centaines de débardeurs bloquaient une partie de la rue Notre-dame Est, ce dernier a enjoint à l’association des employeurs maritimes (AEM) et à la ministre du Travail de garantir que le retour au travail s’effectuera dans les conditions qui prévalaient le 9 avril, soit avant que l’employeur n’y apporte des changements.
Dans une déclaration écrite, émise en fin de journée, L’AEM a indiqué qu’advenant l’entrée en vigueur d’une loi spéciale, « l’employeur rétablira les dispositions de la sécurité d’emploi », et continuera de « respecter les dispositions de la convention collective » en ce qui a trait aux horaires de travail.