Deux Québécois sont au nombre des victimes en Israël
Ils étaient pris au piège dans une marée humaine lors d’un pèlerinage
Deux Montréalais grandement appréciés dans leur communauté ont perdu la vie lors d’un mouvement de foule funeste durant un pèlerinage en Israël, dans la nuit de jeudi à hier.
Shraga Gestetner et Dovi Steinmetz prenaient part à la fête juive Lag Ba’omer quand ils ont vraisemblablement été piétinés à mort par une marée humaine, comme au moins 43 autres personnes.
« Une nuit de joie s’est transformée en une nuit de deuil », a tristement constaté le Consulat général d’israël à Montréal, hier matin sur Facebook, en adressant ses condoléances aux familles.
La célébration aux abords du mont Méron a réuni environ 100 000 pèlerins cette année, selon la presse locale, même si les autorités avaient donné l’autorisation pour seulement 10 000.
Au nombre des victimes, M. Gestetner, un chanteur et père de famille dans la trentaine. Il a grandi à Outremont avant de déménager dans l’état de New York après son mariage il y a une dizaine d’années, comme il est coutume de faire pour les maris dans la tradition ultra-orthodoxe.
ÂME CHARITABLE
Le père de six enfants avait abandonné les arts au sommet de sa carrière pour finalement se consacrer aux plus vulnérables dans sa communauté et aux études religieuses.
« Il a composé et enregistré quelques albums de musique hassidique, mais il a réalisé qu’il voulait vraiment venir en aide aux autres. C’est devenu un père pour plusieurs », a témoigné Mayer Feig, membre du Conseil des juifs hassidiques du Québec, qui le connaissait bien.
La ministre israélienne de la Diaspora, Omer Yankelevich, a appelé ses compatriotes à se présenter en masse à ses funérailles, comme M. Gestetner n’avait pas de famille proche en Israël.
« Nous ne le laisserons pas seul dans ses derniers instants », a-t-elle plaidé sur Facebook.
Son appel semble avoir été entendu, puisque des images de médias israéliens montrent une foule nombreuse lors de la procession funéraire, qui a eu lieu hier après-midi.
BON VIVANT
Quant à Dovi Steinmetz, 21 ans, il était en Israël depuis quelques mois pour étudier dans l’une des plus grandes écoles de la religion juive au monde, Mir Yeshiva.
Amateur de barbecue et de bon vin, Dovi Steinmetz adorait nourrir ses amis et ses proches, et avait une bonne humeur à toute épreuve, selon Yossi Karnel, qui a grandi avec lui dans le quartier de Côte-des-neiges.
« Il est parti trop tôt… En même temps, il a fait une différence dans la vie de beaucoup de gens en 21 ans », a ajouté son ami.
JÉRUSALEM | (AFP) Israël a enterré hier des victimes d’une bousculade lors d’un pèlerinage juif orthodoxe, dans laquelle au moins 45 personnes, dont des enfants, ont péri, l’une des « plus graves catastrophes » de l’histoire de l’état hébreu.
« Ce qu’il s’est passé ici est déchirant. Il y a eu des gens écrasés à mort, y compris des enfants », a dit le premier ministre Benjamin Netanyahu qui s’est rendu sur place au mont Meron, où des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées jeudi soir pour la fête juive de Lag Baomer.
Il a promis une « enquête exhaustive » sur ce drame dont les causes n’ont pas été encore clairement établies. « La catastrophe du mont Meron est l’une des plus graves qui aient frappé l’état d’israël », a dit M. Netanyahu en décrétant une journée de deuil national dimanche.
Dans les quartiers ultra-orthodoxes de Jérusalem et à Bnei Brak, près de Tel-aviv, des milliers d’hommes, chapeau et veston noirs sur chemise opaline, ont défilé dans les rues pour les premières funérailles, peu avant le Shabbat, le repos hebdomadaire juif.
L’IDENTIFICATION DES CORPS
À Jérusalem, le père d’elazar Goldberg, un Israélien de 38 ans tué dans la bousculade, a rendu hommage à son fils. « Demande là-haut que Dieu protège tes enfants », a-t-il lancé devant sa dépouille recouverte d’un talit, un châle de prière.
Selon un dernier bilan du ministère de la Santé, 45 personnes dont des enfants ont péri dans la bousculade survenue aux premières heures d’hier et les corps de 32 victimes ont été identifiés jusqu’à présent. Le processus d’identification se poursuivra après le Shabbat qui s’achève samedi soir.
Il y a eu également 150 blessés, d’après le Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-rouge.
Parmi les victimes figurent « plusieurs citoyens américains », selon un porte-parole du département d’état.
DÉROULEMENT DU DRAME
La fête, commencée jeudi soir et qui s’est prolongée dans la nuit, marque le souvenir de la fin d’une épidémie dévastatrice parmi les élèves d’une ancienne école talmudique il y a plusieurs siècles.
C’était le plus grand rassemblement organisé en Israël depuis le début de la pandémie de la COVID-19. Selon des témoins interrogés par L’AFP, des pèlerins sont arrivés en masse pour passer dans un couloir étroit.
« Davantage de gens sont arrivés, de l’intérieur et des côtés. La police ne les laissait pas sortir donc ils ont commencé à être serrés les uns contre les autres, puis à s’écraser », a raconté à L’AFP l’un d’eux, Shmuel, 18 ans. « Des dizaines de personnes sont mortes écrasées. »
Pour aider les blessés, M. Netanyahu a donné du sang dans un hôpital de Jérusalem, selon une courte vidéo.
SOUTIEN INTERNATIONAL
Il y remercie en outre le président américain Joe Biden avec lequel il s’est entretenu au téléphone et qui a « exprimé ses condoléances et sa tristesse ».
Des messages de condoléances et de sympathie ont afflué de l’étranger.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a souhaité « force et courage » au peuple israélien.
« Mes pensées vont à tous ceux qui ont été blessés, ainsi qu’aux amis et familles de ceux qui ont perdu la vie », a déclaré la reine Elizabeth II.