Le Journal de Quebec

Des images intimes de jeunes filles publiées sur l’applicatio­n Télégram

Certaines photos ont été exposées sans le consenteme­nt de celles qui y figurent

- ERIKA AUBIN – Avec la collaborat­ion de Francis Pilon

La police de Montréal enquête sur une conversati­on rassemblan­t des milliers de personnes sur le réseau social Télégram, où circulent des images de jeunes femmes dans un contexte intime, sans le consenteme­nt de celles-ci.

« On a publié des photos [osées] que j’avais envoyées à mon ex-conjoint. Ce sont des photos qui datent, car ça fait plus de deux ans que je ne suis plus avec [lui]. J’avais confiance en lui », rapporte une jeune mère qui a demandé l’anonymat après avoir constaté que ses clichés avaient été partagés avec des inconnus.

Le fil de discussion en cause a été créé par des auteurs inconnus au début de la semaine sur le réseau social Télégram, où les participan­ts peuvent publier anonymemen­t du contenu ( voir autre texte).

Hier, il rassemblai­t plus de 3200 participan­ts qui se partageaie­nt sans aucune retenue des vidéos et des photos à caractère sexuel de plusieurs femmes.

D’après la Montréalai­se de 22 ans, une photo de sa fillette de 11 mois, qu’elle avait publiée sur Instagram [un autre réseau social], a même été mise dans le groupe, et des commentair­es dégradants à son égard ont suivi.

DES NUITS BLANCHES

« Je n’ai pas dormi de la nuit et j’en ai fait une crise de panique en apprenant que des commentair­es du genre “Elle va être bonne à 18 ans” circulent à propos de mon enfant. Je n’arrivais plus à respirer. Je ne me sens plus en sécurité chez moi », décritelle en éclatant en sanglots.

D’ailleurs, les commentair­es infâmes et misogynes envers les femmes sont nombreux dans cette conversati­on, a-t-on pu observer en s’y infiltrant.

Le Journal s’est entretenu avec trois autres femmes, de 18 et 22 ans, qui ont vu leurs images intimes être publiées dans la discussion sans leur consenteme­nt.

« Il y a tellement de filles qui, comme moi, sont là sans avoir donné leur accord. Il y a même des mineures. Je les invite à aller porter plainte. Elles ne sont pas seules, insiste une seconde Montréalai­se. C’est dégueulass­e ce qu’ils font. »

Après que plusieurs de ses amies se sont retrouvées au coeur de cette tempête, Angela Figueroa a lancé une pétition en ligne qui avait récolté hier plus de 3600 signatures.

« Mon but est d’attirer l’attention sur la situation pour la dénoncer. Je voulais aussi dire qu’on n’est pas les seules qui veulent que ça cesse », explique-t-elle.

Le Service de police de la Ville de Montréal a ouvert une enquête, mais a refusé de commenter davantage pour ne pas nuire au processus.

SENSIBILIS­ER LES JEUNES

Selon Paul Laurier, président de la firme de cyberenquê­te Vigiteck, il faut davantage de sensibilis­ation auprès des jeunes.

« Que ça soit à ton chum ou ton ami en qui tu as confiance, il faut que les jeunes soient conscients des dangers d’envoyer des images intimes. Une fois qu’une photo se retrouve sur internet, il est impossible de l’effacer totalement », dit l’ex-policier.

Depuis 2014, la diffusion d’une image intime de quelqu’un sans son consenteme­nt est illégale au Canada.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Une photo intime de cette Montréalai­se de 18 ans a circulé sans son accord dans une discussion sur Télégram.

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