Leurs implants mammaires les auraient rendues malades
Des Québécoises disent souffrir d’un mal que peu de médecins reconnaissent
Fatigue chronique, perte de cheveux, douleurs musculaires : des centaines de Québécoises convaincues que leurs implants mammaires les ont rendues malades n’hésitent pas à contredire leur chirurgien plastique qui ne semble pas croire à une telle maladie.
« Depuis que je les ai fait enlever en octobre, j’ai perdu 80 % de mes symptômes », estime Valérie Picard, qui vient même de reprendre l’entraînement.
Cette infirmière de la Rive-nord était incapable de s’entraîner au cours des dernières années, lors desquelles on lui a diagnostiqué pas moins de quatre maladies auto-immunes.
« Au début, j’avais seulement des douleurs aux genoux. Après mon accouchement, ça s’est accéléré. J’ai développé une forme d’arthrite, puis des problèmes de glande thyroïde », énumère Mme Picard, 33 ans, qui a mis du temps avant de faire le lien entre ses ennuis de santé et l’augmentation mammaire qu’elle a subie en 2009.
MALADIE DES IMPLANTS MAMMAIRES
Son plasticien avait convaincu la jeune femme complexée qu’elle était à l’époque que cette opération ne présentait aucun risque. Et depuis, aucun des médecins qu’elle a consultés n’a émis le moindre doute.
C’est seulement un reportage diffusé en 2018 sur la « maladie des implants mammaires » qui lui a ouvert les yeux.
« C’est de plus en plus reconnu aux États-Unis. On pense que c’est une réaction aux composantes des implants, mais on ne comprend toujours pas », explique le Dr Stephen Nicolaidis, qui constate que ses patientes qui souffrent d’allergies, d’eczéma ou de certaines pathologies auto-immunes risquent davantage de développer des symptômes.
Son opinion contraste toutefois avec celle de la plupart de ses collègues québécois, qui rejettent complètement le terme « maladie des implants mammaires ».
INCOMPRISES
Pour Santé Canada, seul le modèle texturé Biocell d’allergan pose problème à l’heure actuelle, non pas à cause de cette soi-disant maladie, mais parce qu’il a été révélé que cet implant est lié à un rare lymphome.
« Honnêtement, à un certain moment, j’aurais préféré avoir un cancer, car au moins, on aurait su ce que j’avais », confie Nadia Lévesque, qui a songé au suicide, tellement elle était souffrante avant de se faire retirer ses implants.
Valérie Picard et elle font aujourd’hui partie d’un groupe de soutien qui rassemble environ 1700 Québécoises partageant la même histoire.
« Je ne diabolise pas les implants, insiste Mme Picard. Je veux juste que les femmes prennent leur décision en connaissant les possibles symptômes, plutôt que d’attendre des années avant de savoir, comme moi. »
D’après le Dr Stephen Nicolaidis, de 1 % à 10 % des femmes souffrent de symptômes de la « maladie des implants mammaires », quelques années après leur opération aux seins.