Le Journal de Quebec

Les missions de l’état québécois confiées à une société ontarienne

- FRANCIS HALIN –Avec la collaborat­ion de Sylvain Larocque

Alors que le gouverneme­nt Legault enfonce le clou de l’achat local, le ministère des Transports vient d’octroyer un contrat de 805200 $ à l’ontarienne ACS Air Charter pour noliser ses missions gouverneme­ntales.

« Ça me désole, même si l’entreprise choisie est une très bonne compagnie. On trouve ça triste de voir que le gouverneme­nt prône le Panier Bleu, mais qu’il octroie ce contrat à une firme de Toronto, dont le siège social est à l’étranger », s’est désolé auprès du Journal Marco Prud’homme, président chez Nolinor Aviation.

Même si sa compagnie n’a pas soumission­né, Marco Prud’homme est déçu de voir une décision contraire à ce qu’il avait négocié en 2007 lorsqu’il était président de l’associatio­n québécoise du transport aérien (AQTA).

Jeudi, le ministère des Transports a octroyé un contrat d’opérations de nolisement d’aéronefs pour les missions gouverneme­ntales (Transplant Québec, Sûreté du Québec, cabinets ministérie­ls...) à ACS Air Charter.

« Ça n’a pas de sens. On donne tous les vols du Québec à un courtier de Toronto », a déploré le président de Services Aviation JB, Jocelin Bureau, une entreprise de logistique en aviation pour des compagnies minières, qui avait soumission­né sur le contrat.

« L’ART DE SE TIRER DANS LE PIED »

À l’associatio­n québécoise du transport aérien (AQTA), on estime que Québec a l’art de « se tirer dans le pied ».

« L’AQTA dénonce vivement qu’une entreprise ontarienne, qui n’a pas de place d’affaires au Québec ni même de numéro au Registre des entreprise­s, ait obtenu le contrat pour les services de nolisement d’aéronefs pour répondre aux besoins des ministères et organismes québécois », a regretté son PDG, Jean-marc Dufour.

Hier, le MTQ a confirmé que la compagnie ACS Air Charter (Canada), qui était le plus bas soumission­naire, est « basée à Toronto ».

La porte-parole du MTQ, Sarah Bensadoun, a rappelé que le Québec a entériné plusieurs accords de commerce et ne peut donc pas exclure une firme « en raison de son territoire d’origine ».

« À titre informatif, l’appel d’offres pour les services de nolisement comportait explicitem­ent, dans l’énoncé de besoin, l’exigence selon laquelle les services doivent être rendus en français », a-t-elle indiqué, ajoutant que la firme assurera les services en français tant auprès du Ministère que des clients.

Jointe par Le Journal, ACS Air Charter (Canada) a d’abord affirmé que personne ne pouvait répondre à nos questions en français. Notre demande d’entrevue est, par la suite, restée lettre morte.

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