Le Journal de Quebec

Un manufactur­ier pris entre l’arbre et l’écorce

Pris au piège par la forte augmentati­on des prix du bois qui vient s’ajouter à la pénurie de main-d’oeuvre

- FRANCIS HALIN

Un fabricant québécois de caissons de bois d’emballage de Lanaudière, forcé de payer son bois trois fois le prix avec la pénurie, ne sait plus où donner de la tête pour recruter sa main-d’oeuvre.

« Le 2 par 4 coûte quasiment trois fois plus que l’an passé, alors l’achat des matériaux de bois, des panneaux et madriers, représente maintenant une plus grosse dépense que tous les salaires. C’est mon poste principal », confie Martine Mérette, copropriét­aire de Logipack, à Saint-roch-de-l’achigan.

Au mois de mars 2020, la PME avait 33 employés. Un an plus tard, elle n’en compte qu’une vingtaine, et même en leur offrant un salaire moyen de près de 18 $ l’heure, l’entreprene­ure n’arrive pas à les garder sous son giron.

« J’ai des employés qui se sont lancés en affaires avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU) pour devenir mes compétiteu­rs. J’en ai qui ont préféré rester chez eux et d’autres qui ne voulaient plus revenir parce qu’ils travaillai­ent ailleurs en dessous de la table en ramassant la PCU », dit-elle.

Pour Martine Mérette, qui offre 15 $ l’heure aux ouvriers en rentrant, l a surenchère des salaires n’est pas l a solution.

« Si tu donnes deux dollars de plus à l’un, l’autre va vouloir la même affaire », souligne-t-elle.

DOUBLE PROBLÈME

Pour ne rien arranger, les morceaux de contre-plaqué et les panneaux de bois de toutes sortes, dont elle a besoin pour fabriquer des caissons de bois sur mesure pour le transport, deviennent hors de prix.

« On a le même chiffre d’affaires que l’an dernier de 3,5 millions de dollars, mais on a fait deux fois moins d’ouvrage. Je suis obligée de vendre plus cher, sinon aussi bien mettre la clé dans la porte à cause du prix du bois », dit la femme qui est dans les affaires depuis 2013.

De son côté, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI) rappelle que le quart des PME doivent toujours refuser des contrats faute de main-d’oeuvre, en plus de subir l’explosion du prix des matériaux.

« Le gouverneme­nt doit adopter des mesures répondant aux besoins des PME, comme la réduction des taxes et impôts, la bonificati­on des crédits d’impôt et l’accompagne­ment dans leur recherche de candidats », souligne son vice-président, François Vincent.

« JE SUIS OBLIGÉE DE VENDRE PLUS CHER, SINON AUSSI BIEN METTRE LA CLÉ DANS LA PORTE À CAUSE DU PRIX DU BOIS »

– Martine Mérette, copropriét­aire de Logipack

Plus de 26 % des PME ont dû refuser des ventes ou des contrats et 17 % ont repoussé des projets d’affaires en raison de la pénurie de main-d’oeuvre, selon une étude récente de la FCEI.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Martine Mérette, dans les installati­ons de Logipak, à Saint-roch-de-l’achigan. Elle estime que, dans la conjonctur­e, les employés ont le gros bout du bâton.

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