Le Journal de Quebec

Grandir modérément avec la SAQ

Il y a 100 ans jour pour jour, la Commission des liqueurs du Québec ouvrait son premier magasin

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Il y a 100 ans aujourd’hui, la Société des alcools du Québec (SAQ), baptisée alors la Commission des liqueurs du Québec (CLQ), ouvrait ses premiers magasins dans la province avec un inventaire de 323 produits. Le gouverneme­nt espérait ainsi mieux encadrer le marché de l’alcool.

« Aujourd’hui, on vend 15 000 produits dans les magasins et nous avons 20 000 importatio­ns privées », a affirmé au Journal la présidente de la SAQ, Catherine Dagenais. « Le Québec a été la première province ou État en Amérique du Nord à se positionne­r contre la prohibitio­n », rappelle-t-elle.

Dès sa première année d’activité, la CLQ, qui a été créée sous le gouverneme­nt du premier ministre libéral LouisAlexa­ndre Taschereau en février 1921, se bâtit un réseau de 64 magasins et compte 415 travailleu­rs.

Le premier employé embauché, raconte la SAQ, a été « un chimiste qui assurait la qualité des produits récupérés des commerçant­s, des tenanciers d’auberges et de bars ». Il faut dire que, lors du démarrage de ses activités, la CLQ a racheté tous les lots de produits alcoolique­s partout dans la province.

C’était la période de prohibitio­n de l’alcool. Plusieurs gouverneme­nts cherchaien­t à enrayer l’abus de ces produits par les citoyens. La contreband­e était à son plus fort à travers l’amérique.

Dès 1922, la CLQ a ouvert un bureau à Paris afin de se rapprocher des producteur­s de vins. Cet établissem­ent a toutefois été fermé dans la foulée de la crise économique des années 1930, note la SAQ.

RIEN DE COMPARABLE

Les magasins de la CLQ n’ont rien de comparable avec les succursale­s d’aujourd’hui. À l’époque, un grillage séparait les employés des clients. Les gens ne pouvaient pas voir les produits.

C’était également un maximum d’une bouteille de spiritueux à la fois par personne jusque dans les années 1930, et elle devait être enveloppée dans un papier spécial à sa remise au client. Il n’y avait toutefois pas de limite de vente sur les bouteilles de vin.

En 1961, la CLQ devient la Régie des alcools et les grillages disparaiss­ent des magasins. La première succursale « semi-libre-service » voit le jour à Place Ville-marie, à Montréal. En 1969, le réseau compte 229 points de vente et la société d’état surfe sur l’engouement créé pour les vins par l’expo 67.

Puis, en 1971, la SAQ prend la relève de la Régie des alcools.

Depuis des années, certains remettent en doute le modèle du monopole de la SAQ. En 2019, le gouverneme­nt caquiste avait écarté toute privatisat­ion totale ou partielle de la société d’état.

« La SAQ d’aujourd’hui ne serait pas ici si elle n’avait pas su évoluer. La SAQ a été dynamique ces dernières années », a répondu Mme Dagenais, en réitérant que cette décision revient au gouverneme­nt.

PÉRIODE IMPORTANTE

Selon la présidente, la SAQ traverse de nouveau une période importante de son histoire, actuelleme­nt, où elle doit continuer d’évoluer. La COVID-19 a notamment forcé la société d’état à accélérer son virage numérique. La direction dit toutefois toujours croire à l’importance des magasins.

« La prochaine évolution […] c’est la modernisat­ion de notre chaîne d’approvisio­nnement, de nos entrepôts et de notre site. Nous sommes rendus à un point de rupture et on doit s’organiser pour être en mesure de sortir plus de quantités liées aux commandes en ligne », conclut-elle.

La SAQ espère également diminuer ses délais de livraison d’ici 2024 pour les commandes en ligne. Elle aimerait offrir un service en 24 h.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? 3 1. Martine Bellefleur travaille pour la SAQ depuis 1997, on la voit toute petite dans un sac à l’effigie de la société d’état. 2. Le père de Martine, Richard Bellefleur, et sa mère Nicole Fortin ( en mortaise) y ont aussi travaillé, tout comme de nombreux autres membres de cette famille. 3. Une des succursale­s de la Commision des liqueurs.
PHOTOS COURTOISIE 3 1. Martine Bellefleur travaille pour la SAQ depuis 1997, on la voit toute petite dans un sac à l’effigie de la société d’état. 2. Le père de Martine, Richard Bellefleur, et sa mère Nicole Fortin ( en mortaise) y ont aussi travaillé, tout comme de nombreux autres membres de cette famille. 3. Une des succursale­s de la Commision des liqueurs.
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