Hartley : L’ADN du gagnant
Précision : ce texte ne sera pas objectif. Bob Hartley l’a encore fait. Il a gagné un cinquième championnat dans autant de ligues différentes.
Six en incluant la série Montréal-québec. Riez, mais les joueurs que Bob a dirigés dans cette téléréalité n’oublieront jamais comment ce coach gagnant de la coupe Stanley leur a fait sentir que le championnat à disputer était tout aussi important.
C’est ça être un gagnant. Ça ne calcule pas. Ça met son coeur en péril pour la victoire, ses tripes sur la table à « tape » au milieu du vestiaire. Il n’y a pas de petits ou de grands championnats, il y a des championnats à hauteur de ceux qui les gagnent. En ce sens, je n’ai connu aucun coach de hockey qui s’élevait aussi haut que Bob Hartley.
LA FÊTE
Il n’a pas répondu lorsque j’ai tenté de le joindre mercredi. Il était 15 h, heure de Shefford. Je venais de quitter DAZN, qui terminait son reportage du match numéro six de la coupe Gagarine sur des images de festivités qui se poursuivaient à Balashikha, où il était 22 h. C’est de bonne heure pour fêter un championnat, mais fallait « un peu » respecter les vrais fans de l’avangard qui prenaient les rues d’assaut à Omsk, où il était 1 h du matin.
Le club de Bob Hartley joue uniquement sur la route depuis trois ans suite à la destruction de son aréna dû à un vice de construction. Omsk est située en Sibérie, à plus de 2200 kilomètres de Moscou. Les gens de Balashikha se sont montrés accueillants, mais à 22 petits kilomètres de Moscou, quelle équipe jouait « à la maison » lors des six matchs de la finale, à votre avis ?
EN PLEINE NUIT
Il était 20 h, heure de la capitale du bonheur, mercredi soir. J’envoie un texto de félicitations à Bob, convaincu qu’il dort. Instantanément, il me rappelle sur Facetime. Il est 3 h du matin à Balashikha, le coach est debout depuis plus de 22 h et sa voix est aussi bonne que celle de Marc Hervieux qui entre en scène à l’opéra de Montréal.
Il me raconte avec passion la genèse de cette victoire improbable. Comment il est devenu tout blanc en voyant le médecin débarquer dans son bureau mercredi matin pour lui annoncer qu’un autre de ses soldats tombait au combat. Yegor Chinakhov, 21e choix au total en première ronde des Blue Jackets de Columbus l’an dernier, rejoignait une liste des blessés sans fin comprenant le leader de la défense Alexei Emelin, qui y sera demeuré lors des deux derniers tours éliminatoires. Je lui dis combien la manière avec laquelle son équipe a gagné en dit à nouveau très long sur sa capacité à rallier des hommes dans la victoire. Il utilise son ricochet pour retourner le crédit vers ses joueurs. Bob ne change pas…
Pour la petite histoire, le CSKA Moscou c’est l’armée Rouge, l’équipe de Poutine et de Trétiak. Donc, en retard 0-1 avec 5 minutes à écouler en troisième période, les officiels ont appelé un deux minutes à l’avangard, puis un deuxième, 12 petites secondes plus tard. Cent huit interminables secondes à tuer avec deux soldats en moins sur la glace. Fallait un sacrifice. Il fut incarné par Damir Sharipzyanov qui a bloqué trois tirs à bout portant, chaque fois en se relevant. Le reste, c’est l’histoire…
L’histoire du gars d’usine d’hawkesbury qui avait ce quelque chose au fond du coeur. Bob Hartley, plus jeune coach de 60 ans que je connaisse. Bob le conquérant qui vient d’ajouter la coupe Gagarine à sa collection de championnats hétéroclites. Bob qui a pris un vol vers la Sibérie au p’tit matin jeudi afin d’aller célébrer la coupe avec les vrais partisans de l’avangard, à Omsk.