LES CONTRIBUABLES TENUS DANS L’IGNORANCE
Bell se cachait dans les puits… et le ministre Pierre Fitzgibbon le savait
Le ministre de l’économie Pierre Fitzgibbon était au courant du projet d’acquisition du promoteur du Grand Prix de Formule 1 du Canada par le géant Bell quand il a annoncé, mercredi, la prolongation d’une aide financière à l’événement jusqu’en 2031.
Son cabinet a confirmé qu’il avait été informé « il y a quelques semaines » des discussions qui ont mené à la transaction entre Groupe de course Octane et l’ entreprise de télé communications, annoncée officiellement hier.
« M. Fitzgibbon était au courant qu’il y avait des discussions entre les deux entreprises », a déclaré son attaché de presse Mathieu St-amand.
La ministre québécoise du Tourisme, Caroline Proulx, était aussi au courant des pourparlers( voir la chronique de ré jean Tremblay en page 111).
Selon M. St-amand, l’annonce de cette transaction n’aura aucun effet sur les conditions de l’entente annoncée cette semaine à laquelle prennent part, en plus du gouvernement du Québec, le fédéral, la Ville de Montréal et Tourisme Montréal.
Du côté d’ottawa, il n’a pas été possible de savoir jusqu’où les représentants fédéraux étaient au courant des discussions.
Le cabinet de la ministre du Développement économique Mélanie Joly a expliqué qu’octane n’est pas un client de l’agence fédérale Développement économique pour les régions du Québec.
« Nous, au gouvernement fédéral, on fait affaire avec la Société du parc Jean Drapeau pour cet événement », nous a-t-on indiqué, en précisant que la transaction annoncée par Bell ne devrait pas avoir d’incidence sur les engagements d’ottawa.
TRANSPARENCE
Au provincial, le député de Québec solidaire Vincent Marissal, porte-parole des dossiers économiques, a soutenu que M. Fitzgibbon aurait dû être plus transparent.
« Si le ministre Fitzgibbon savait que Bell allait mettre la main sur Octane, pourquoi ne pas l’avoir dit quand il a annoncé sa subvention ? Bell n’a vraiment pas besoin de la charité du gouvernement du Québec, surtout pour un événement privé et parfaitement rentable. »
Selon M. Marissal, M. Fitzgibbon a admis cette semaine que le Grand Prix de F1 n’aurait pas quitté Montréal si le gouvernement n’avait pas mis d’argent.
Bell a confirmé hier son association à la course de F1 à Montréal. L’entreprise a acheté les activités de Groupe de course Octane, dirigée par François Dumontier, promoteur de l’événement depuis 2010.
Bell, dont la valeur en bourse est de 52 milliards $, devient à son tour promoteur du Grand Prix de F1, une nouvelle qui survient deux jours à peine après que les divers paliers de gouvernements ont annoncé l’annulation de l’épreuve pour une deuxième année de suite en raison de la pandémie.
Le montant de l’investissement de Bell n’a pas été divulgué.
DES MILLIONS EN FONDS PUBLICS
Plus tôt cette semaine, les gouvernements fédéral et provincial, la Ville de Montréal ainsi que Tourisme Montréal, décrits comme les quatre bailleurs de fonds, avaient annoncé conjointement que deux années supplémentaires avaient été ajoutées au contrat actuel liant le Grand Prix du Canada à la F1, jusqu’en 2031.
Les contribuables devront payer en moyenne près de 20 M$ par année de 2022 à 2029. Les deux années de prolongation vont coûter encore plus cher, soit 25 M$ (2030) et 26 M$ (2031) de fonds publics qui seront versés à la F1.
En 2019, lors de la dernière visite du cirque de la Formule 1, le Grand Prix du Canada inaugurait de nouvelles installations sur l’île Notre-dame, dont le prix des travaux a été revu à la hausse en cours de route, passant de 32 M$ à 72 M$.
L’arrivée de Bell dans le dossier de la F1 à Montréal est une bonne nouvelle, non seulement pour Dumontier qui conservera son poste à la tête des opérations du Grand Prix, mais aussi pour des détenteurs de billets qui, depuis plusieurs mois d’attente, tardent toujours à se faire rembourser.
« Être seul peut peser lourd sur les épaules, a indiqué Dumontier hier, sur les ondes de RDS, cette autre propriété de Bell qui, avec TSN, détient les droits de télédiffusion de la F1 au pays jusqu’en 2024. Pour le développement du Grand Prix, je me cherchais un partenaire. »
Dumontier n’a pas nié que les discussions avec Bell ont débuté avant même le début de la pandémie en mars 2020.
OCTANE SAUVÉ DU NAUFRAGE ?
L’arrivée du géant des télécommunications vient probablement de sauver Groupe de course Octane du naufrage. Elle assure également à bon nombre d’amateurs, qui ont manifesté leur frustration sur les réseaux sociaux et dans divers médias, de récupérer enfin leur argent.
« Bell s’assurera, lit-on dans le communiqué, que les billets vendus pour la course de 2020 seront valides pour l’édition 2022 ou bien les détenteurs de billets seront remboursés s’ils préfèrent cette option. »
Par l’entremise de sa filiale
Bell, le géant canadien des télécoms, BCE, vient de mettre le grappin sur le promoteur montréalais du Grand Prix de Formule 1 du Canada, à savoir le Groupe de course Octane, de François Dumontier.
C’est un coup magistral de la part de BCE et voici pourquoi.
Le Grand Prix du Canada est l’événement sportif et touristique annuel le plus important au pays.
BCE peut compter sur la pérennité du Grand Prix jusqu’en 2031, et ce, grâce à l’annonce mercredi passé de l’entente financière renouvelée pour deux années additionnelles entre nos gouvernements (Ottawa, Québec) et la Formula One Group Championship de la multinationale américaine Liberty Media. BCE devient le principal bénéficiaire d’un événement international dont les droits de présentation au Canada (allant de 18 à 26 millions $ l’an) sont entièrement financés par les trois paliers de gouvernement : Ottawa, Québec et Montréal.
BCE profite également du fait que les gouvernements de Justin Trudeau et de François Legault ont également annoncé cette semaine qu’ils allaient investir 5,5 millions de dollars dans la promotion de Montréal et du Québec auprès des amateurs de Formule 1 dans le but de ramener les touristes dans la métropole.
En tant que nouveau propriétaire de Groupe de course Octane, c’est BCE qui va largement bénéficier de cette campagne de promotion puisqu’une grande portion des recettes au guichet du Grand Prix du Canada vont aller dans ses poches. C’est financièrement d’autant prometteur pour BCE qu’il se retrouve avec un circuit Gilles-villeneuve complètement revampé avec des no uveaux paddocks dont t la facture (68 millions $) a été payée par Montréal et Québec. Détenant déjà depuis longtemps les droits de diffusion des courses de F1 pour se es réseaux de sports, RDS et TSN, BCE pourra consolider davantage sa force de frappe sportive en devenant l’organisateur en chef du Grand Prix du Canada.
DUMONTIER SAUVE LES MEUBLES
Bien qu’il cède son entreprise (Groupe de course Octane) à BCE, le promoteur François Dumontier conserve « heureusement » son emploi à titre d’organisateur en chef des prochains Grands Prix du Canada sur le circuit Gilles-villeneuve.
Avec l’annulation des éditions de 2020 et 2021 du Grand Prix à cause de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, Dumontier vient de traverser deux années extrêmement difficiles sur le plan financier. Il faut savoir que le gros de ses revenus à titre d’organisateur du Grand Prix provient des recettes au guichet.
Pas de Grand Prix, pas de revenus. La misère noire… ou presque. C’est ce qui explique sans doute pourquoi des amateurs attendaient toujours de se faire rembourser les billets achetés pour l’édition de 2020.
BCE EN CHIFFRES
Pas de doute que BCE a les moyens de ses ambitions en mettant la main sur le Grand Prix de Formule 1 montréalais.
En 2020, année où la grande pandémie a éclaté, BCE a réalisé un chiffre d’affaires de 22,8 milliards $. Bénéfice net : 2,5 milliards de dollars.
Sa capitalisation boursière s’élève actuellement à 52,6 milliards $.
BCE est lle chef de file au Canada ans less télécommunications, tantt propriétaire de trois rossses filiales : Bell Canaa (services sur fil), Bell Mobilité (services sans ) et Bell Média.
Bell B Média chapeaute stations de télé génél listes (dont CTV et Noo), 27 chaînes spécialisées ontt les chaînes sportives RDDS et TSN), 4 stations paayantes (Crave, HBO Canada),c 109 stations de radio, 200 sites web, etc.
OMBRE AU TABLEAU
Comme on peut le constater, l’acquisition de Groupe de course Octane ne représente qu’une « pinotte » dans le groupe BCE.
Mais une « pinotte » qui va lui permettre d’obtenir un extraordinaire rayonnement médiatique grâce au Grand Prix de Formule 1 du Canada qu’on lui offre sur un véritable plateau d’argent alors que ce sont Québec, Ottawa et Montréal qui absorbent les coûts.
Question : lors de l’annonce, mercredi dernier, de la prolongation de l’entente de prolongation du Grand Prix jusqu’en 2031, pourquoi le ministre responsable du dossier au gouvernement Legault, Pierre Fitzgibbon, n’a-t-il pas révélé qu’il était au courant des négociations d’achat de Groupe de course Octane par BCE?
Avait-il peur de se faire accuser de favoritisme envers BCE qui allait mettre la main sur le plus gros événement touristique et sportif à se tenir au Canada annuellement, tout en étant entièrement financé par l’argent des contribuables ?
BCE devient le principal bénéficiaire d’un événement international dont les droits de présentation au Canada sont entièrement financés par les [...] gouvernements