RAS-LE-BOL INQUIÉTANT
Près de 30 000 personnes de partout au Québec se sont réunies pour marcher contre les mesures sanitaires
Sans distanciation et souvent sans masque, environ 30 000 personnes se sont rassemblées hier à Montréal, chambardant la vaccination au Stade olympique et frustrant des travailleurs de la santé qui se démènent pour aider tout le
Québec à retrouver une vie normale.
Le Québec a connu hier sa plus grande mobilisation contre les mesures sanitaires, rassemblant des dizaines de milliers de personnes venues crier leur ras-le-bol à Montréal et préoccupant plusieurs experts en santé publique.
« Fuck Legault » et « liberté, liberté, liberté », scandaient les manifestants qui ont marché près du Stade olympique pour dénoncer les règles sanitaires qu’ils jugent « exagérées » et « injustifiées ».
Selon nos informations, près de 30 000 personnes ont répondu à l’appel de « Québec debout » qui a organisé cette manifestation au cours des derniers mois.
Des Québécois de Gatineau, TroisRivières et même de Carleton-sur-mer ont fait la route pour participer à cet événement qui est demeuré pacifique en après-midi.
Le Journal a constaté que la foule était très hétéroclite. Des familles, des conspirationnistes, des manifestants en uniformes militaires et même des personnes munies de gilets pare-balles étaient dans le cortège, qui s’étalait sur près de deux kilomètres à certains moments.
« Je suis pour le masque et pour le vaccin. Mais je suis ici pour manifester pour ma liberté et retrouver ma vie normale sans couvre-feu », affirme Alexandra Jinowan, âgée de 28 ans.
D’autres manifestants se disaient ouvertement antivaccins.
PEU DE MASQUES ET DE DISTANCIATION
Malgré les nombreux rappels à l’ordre des autorités, peu de personnes portaient le masque et respectaient la distanciation sociale hier.
« Enlevez l’affaire qui cache votre visage. On veut vous voir sourire. On a du fun aujourd’hui », criaient deux hommes à travers leur mégaphone.
Si l’ambiance était festive et pacifique sur place, des experts en santé avaient moins le goût de se réjouir, alors que certains étaient inquiets et révoltés par cette mobilisation.
DU « SABOTAGE »
C’est « comme si on organisait une manifestation pour l’alcool au volant ou pour brûler un feu rouge », a dénoncé le Dr Mathieu Simon, chef de l’unité des soins intensifs de l’institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
« Les gens revendiquent la liberté de ne pas porter le masque, de ne pas se faire vacciner, etc., et ils ne comprennent pas que cette liberté-là empêche les autres », a déploré le Dr Simon, préoccupé.
Pour sa part, le virologue à la retraite Jacques Lapierre a qualifié les manifestants « d’équipe de sabotage » qui pourrait venir miner les efforts déployés depuis des mois pour freiner la pandémie.
« Il faut encourager ces personnes à aller se faire vacciner plutôt que de manifester, car plus vite on se fait vacciner, plus vite on pourra relâcher les mesures sanitaires et retrouver une vie [presque normale] », indique Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’école de santé publique de l’université de Montréal.
UNE VINGTAINE DE TICKETS
Quatre personnes ont été arrêtées notamment pour entrave au travail des policiers, bris de condition et agression armée. Pas moins de 28 constats d’infractions en vertu de la Loi sur la santé publique ont été remis.
La police a également ouvert 9 enquêtes concernant des actes criminels, comme des voies de fait et des menaces.
Aussi, un policier a été blessé au terme de la journée.