Le Journal de Quebec

Tenir responsabl­es les dirigeants des covidiots

- LOÏC TASSÉ loic.tasse@quebecorme­dia.com

Quelques milliers de personnes manifestai­ent samedi à Montréal contre les mesures sanitaires pour lutter contre la COVID-19. Des manifestat­ions similaires se sont aussi produites ailleurs dans le monde.

Il y a quelques jours, en Israël, une centaine de milliers de juifs hassidique­s se sont rassemblés, au mépris des directives des autorités israélienn­es.

Aux États-unis, des évangélist­es clament haut et fort que Dieu décide de qui tombera malade ou non. En Inde, en février, des fêtes religieuse­s qui rassemblai­ent des millions d’hindous ont fait bondir le nombre de malades de la COVID-19. Aux États-unis, Donald Trump a tenu des rassemblem­ents politiques qui ont aggravé la pandémie, tout comme, en Inde, les rassemblem­ents de Narendra Modi ont accru la pandémie.

Inversemen­t, le port du masque, la distanciat­ion et le confinemen­t ont fait reculer la pandémie.

Tout cela est connu et documenté. Pourquoi donc certains s’obstinent-ils à nier ces évidences ?

La première raison qui passe par la tête est qu’ils manquent de jugement. Et il est vrai qu’au Québec, un des dirigeants politiques de la manifestat­ion, Maxime Bernier, n’a pas inventé les boutons à quatre trous ; c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais au-delà de la bêtise ?

S’il est possible de se rassembler librement pour toutes les causes imaginable­s, ce droit implique une responsabi­lité pour les organisate­urs de ces rassemblem­ents

INVULNÉRAB­LES

Une autre explicatio­n possible est que ces gens se croient invincible­s. Par exemple, certaines personnes de 20 ans, au sommet de leurs capacités physiques, ont l’illusion d’une sorte d’invulnérab­ilité. Il suffit d’observer certains cyclistes inconscien­ts du danger se faufiler à travers la circulatio­n automobile pour comprendre le phénomène.

De même, des esprits très religieux se croient protégés par un dieu, ou pire, s’imaginent que s’ils meurent, ce sera par volonté divine, un gage de vie éternelle dans l’au-delà ou de bon karma.

Troisième explicatio­n possible : la compréhens­ion politique très approximat­ive de certaines personnes, et leur associatio­n par le biais des médias sociaux les encourage à s’indigner pour de mauvaises causes et à se mobiliser contre les mauvaises cibles.

La récupérati­on de ces égarements par des politicien­s intelligen­ts comme Trump ou Modi est particuliè­rement abjecte.

DEVANT LES TRIBUNAUX

Il n’empêche que s’il est possible de se rassembler librement pour toutes les causes imaginable­s, ce droit implique une responsabi­lité pour les organisate­urs de ces rassemblem­ents. Ils peuvent être tenus responsabl­es des dommages que leurs rassemblem­ents ont provoqués. Ils pourraient être poursuivis devant les tribunaux.

S’il s’avère que la pandémie connaît une recrudesce­nce à Montréal dans les jours qui suivent la manifestat­ion de samedi ou s’il est possible de démontrer que des gens qui y ont participé y ont été contaminés, si ces participan­ts ou leurs proches tombent gravement malades ou qu’ils meurent, les organisate­urs de ces rassemblem­ents devraient en porter la responsabi­lité.

De même, des dirigeants politiques ou religieux qui incitent leurs ouailles à adopter des comporteme­nts qui risquent de répandre la mort devraient être tenus légalement responsabl­es des décès directs et indirects qu’ils auront provoqués.

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