Baisse inquiétante des dépistages
De nombreuses mammographies et des coloscopies ont été repoussées
La baisse considérable des mammographies et des coloscopies en raison de la pandémie fait craindre une hausse des cancers détectés tardivement au cours des prochaines années.
Par rapport à l’an dernier, le ministère de la Santé a noté une diminution du tiers des mammographies depuis le début de la crise sanitaire.
Ces radiographies des seins, servant à détecter la présence d’un cancer, sont passées d’environ 321 954 à 216 828 cette année.
Pourtant, si les centres de dépistage ont été fermés durant le premier confinement, ce ne fut pas le cas lors des deuxième et troisième vagues.
Les examens se font d’ailleurs majoritairement à l’extérieur des hôpitaux.
Lors de l’étude des crédits cette semaine, une sous-ministre adjointe à la Santé, Lucie Opatrny, est venue expliquer que plusieurs femmes admissibles ont plutôt choisi de ne pas se présenter pendant la pandémie.
« Ce n’est pas parce que l’offre de services n’est pas au rendez-vous, mais plutôt que les femmes qui ont reçu les lettres n’ont pas nécessairement répondu et ne se sont pas présentées pour leur dépistage », a-t-elle déclaré, en réponse aux questions de la députée libérale Marie Montpetit.
Un constat observé également à la Ligne Info-cancer. « On a reçu beaucoup d’appels de femmes inquiètes d’aller passer les examens, confie l’infirmière clinicienne Francine Koenig. […] Plusieurs se disaient qu’elles pouvaient attendre. Mais ça risque de créer un goulot d’étranglement. »
CANCER DU CÔLON
Le portrait est similaire du côté des coloscopies. Ces tests, servant à dépister le cancer du côlon, ont également chuté de près de 30 % par rapport à l’année précédente.
Malheureusement, puisque ceux-ci ont souvent lieu en centre hospitalier, le rattrapage devra attendre la fin de la troisième vague et suivra la reprise des activités normales.
Mme Opartny s’attend à un travail de « plusieurs mois » pour effectuer le rattrapage, notamment grâce à des ententes avec des cliniques privées.
LOURDES CONSÉQUENCES
Ces retards dans les dépistages font craindre des impacts à long terme pour les patients. Un cancer détecté précocement est plus facile à traiter et présente moins de risques de récidives.
« Le programme pour le dépistage du cancer du côlon permet de diminuer la mortalité d’environ 20 % », souligne le président de l’association des médecins hématologues et oncologues du Québec, le Dr Martin Champagne.
« Quand un cancer est diagnostiqué à un stade plus avancé, ça veut dire des traitements plus lourds, note le Dr Champagne. Donc, il va y avoir un impact pour le patient, bien sûr, mais aussi pour le système de santé. »
En Angleterre, souligne-t-il, des études ont estimé que les impacts pourraient se faire ressentir pendant une dizaine d’années, notamment en raison des plus hauts taux de récidives.