Le Journal de Quebec

Baisse inquiétant­e des dépistages

De nombreuses mammograph­ies et des coloscopie­s ont été repoussées

- PATRICK BELLEROSE

La baisse considérab­le des mammograph­ies et des coloscopie­s en raison de la pandémie fait craindre une hausse des cancers détectés tardivemen­t au cours des prochaines années.

Par rapport à l’an dernier, le ministère de la Santé a noté une diminution du tiers des mammograph­ies depuis le début de la crise sanitaire.

Ces radiograph­ies des seins, servant à détecter la présence d’un cancer, sont passées d’environ 321 954 à 216 828 cette année.

Pourtant, si les centres de dépistage ont été fermés durant le premier confinemen­t, ce ne fut pas le cas lors des deuxième et troisième vagues.

Les examens se font d’ailleurs majoritair­ement à l’extérieur des hôpitaux.

Lors de l’étude des crédits cette semaine, une sous-ministre adjointe à la Santé, Lucie Opatrny, est venue expliquer que plusieurs femmes admissible­s ont plutôt choisi de ne pas se présenter pendant la pandémie.

« Ce n’est pas parce que l’offre de services n’est pas au rendez-vous, mais plutôt que les femmes qui ont reçu les lettres n’ont pas nécessaire­ment répondu et ne se sont pas présentées pour leur dépistage », a-t-elle déclaré, en réponse aux questions de la députée libérale Marie Montpetit.

Un constat observé également à la Ligne Info-cancer. « On a reçu beaucoup d’appels de femmes inquiètes d’aller passer les examens, confie l’infirmière clinicienn­e Francine Koenig. […] Plusieurs se disaient qu’elles pouvaient attendre. Mais ça risque de créer un goulot d’étrangleme­nt. »

CANCER DU CÔLON

Le portrait est similaire du côté des coloscopie­s. Ces tests, servant à dépister le cancer du côlon, ont également chuté de près de 30 % par rapport à l’année précédente.

Malheureus­ement, puisque ceux-ci ont souvent lieu en centre hospitalie­r, le rattrapage devra attendre la fin de la troisième vague et suivra la reprise des activités normales.

Mme Opartny s’attend à un travail de « plusieurs mois » pour effectuer le rattrapage, notamment grâce à des ententes avec des cliniques privées.

LOURDES CONSÉQUENC­ES

Ces retards dans les dépistages font craindre des impacts à long terme pour les patients. Un cancer détecté précocemen­t est plus facile à traiter et présente moins de risques de récidives.

« Le programme pour le dépistage du cancer du côlon permet de diminuer la mortalité d’environ 20 % », souligne le président de l’associatio­n des médecins hématologu­es et oncologues du Québec, le Dr Martin Champagne.

« Quand un cancer est diagnostiq­ué à un stade plus avancé, ça veut dire des traitement­s plus lourds, note le Dr Champagne. Donc, il va y avoir un impact pour le patient, bien sûr, mais aussi pour le système de santé. »

En Angleterre, souligne-t-il, des études ont estimé que les impacts pourraient se faire ressentir pendant une dizaine d’années, notamment en raison des plus hauts taux de récidives.

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ne pas passer de mammograph­ie durant la pandémie.
PHOTO D’ARCHIVES De nombreuses femmes ont préféré ne pas passer de mammograph­ie durant la pandémie.

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