Le Journal de Quebec

On ne badine pas avec la culture

- MAKA KOTTO Ex-ministre de la Culture et des Communicat­ions On ne badine pas avec la culture. c maka. kotto@quebecorme­dia.com

Jeudi dernier, nous apprenions la nouvelle de la « décapitati­on », en catimini, du Bureau de la culture de Longueuil avec à la clé, l’abolition du poste de direction qui l’animait.

Une décision qui se serait prise unilatéral­ement, sans consultati­ons préalables.

Conséquemm­ent, ce sont les services des bibliothèq­ues de la ville, à l’expertise restreinte dans le domaine des arts et de la culture, qui héritent de la mission stratégiqu­e du Bureau de la culture de la ville de Longueuil.

UNE « PATENTE » ALAMBIQUÉE

Les services des bibliothèq­ues sont théoriquem­ent censés être des sous-ensembles relatifs au Bureau de la culture.

On se serait donc attendu à ce que les services des bibliothèq­ues de Longueuil soient assujettis au « Bureau » qui détenait une expertise générale en matière d’arts et de culture… Pas l’inverse.

Et pourquoi prendre une telle décision à six mois des élections générales municipale­s ?

À moins que nous soyons ici témoins d’un exercice bâclé d’optimisati­on des ressources à l’aube des élections ?

A-t-on perdu de vue à Longueuil, cinquième grande ville du Québec, les raisons fondamenta­les qui ont présidé à l’édificatio­n de ce Bureau de la culture ?

Ou pire, le manque d’intérêt ou d’ambition, avéré, pour les arts et la culture dans et pour cette ville était-il si profond au sein de l’actuelle administra­tion ?

POUR LE RAYONNEMEN­T

Ce Bureau a vu le jour en 2010. Il a notamment implanté la Maison de la culture, mis en place le Conseil des arts, développé de grands projets culturels et appuyé le Théâtre de la Ville afin d’outiller Longueuil d’un nouveau haut lieu de création et de diffusion.

Il a tissé des bases solides avec des organismes culturels, des artistes et des artisans dans Longueuil et au-delà, dans le dessein de s’inscrire dans une collaborat­ion constructi­ve, structuran­te et porteuse au bénéfice des citoyen(ne)s.

Il y avait une vision claire et une grande ambition pour le rayonnemen­t culturel de la ville. Ce Bureau en était le véhicule stratégiqu­e. Un vecteur d’attraction capital pour le mieux-être et l’économie de Longueuil.

Sa mission fondamenta­le était à l’effet de la mettre la ville « en orbite » et de la délester de son image de cité-dortoir.

Sans rien leur enlever, il n’est pas certain que les services des bibliothèq­ues de la ville soient à la hauteur d’une telle mission. Est-ce qu’ils disposeron­t de l’expertise nécessaire pour notamment empêcher un promoteur immobilier de démolir une bâtisse patrimonia­le, pour la création des festivals ou la concrétisa­tion du projet de complexe culturel ?

RÉTABLIR LE BUREAU

Des artistes et artisans, ainsi que le Conseil de la culture en Montérégie, ont été surpris et ont mal accueilli la nouvelle de la « décapitati­on » du Bureau de la culture de Longueuil.

Aux dernières nouvelles, les candidat(e)s en lice pour la mairie de cette ville ne se sont pas prononcés sur ce dossier. Ils auraient intérêt à le faire plus tôt que tard. Et la population aussi, car on ne badine pas avec la culture.

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