Le Journal de Quebec

Faire fortune rapidement avec un fleuron québécois

Power Corp. et le fonds d’alexandre Taillefer peuvent s’attendre à des gains juteux

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

L’arrivée en Bourse imminente de la firme de Saint-jérôme Lion Électrique va permettre à une poignée d’actionnair­es de la première heure de faire une fortune, selon des documents réglementa­ires déposés auprès de l’autorité des marchés financiers (AMF).

Un prospectus déposé auprès des autorités boursières canadienne­s au début avril donne de nouveaux détails sur le processus d’entrée en Bourse du manufactur­ier de véhicules lourds électrique­s, et une liste des actionnair­es appelés à s’enrichir. Selon l’expert Michel Nadeau, ces actionnair­es peuvent s’attendre à multiplier en moyenne par huit la valeur de leur placement initial dans l’entreprise.

« Ceux qui étaient dans Lion vont faire de joyeux gains », affirme-t-il.

L’entrée en Bourse de Lion est prévue pour très bientôt, selon ce que nous a indiqué le vice-président, marketing et communicat­ions de l’entreprise, Patrick Gervais.

Le 23 avril, les actionnair­es de l’entreprise Northern Genesis Acquisitio­n Corp., une coquille qui est déjà cotée en Bourse aux États-unis, ont approuvé le regroupeme­nt de leur firme avec Lion. Il ne manque désormais que le feu vert des autorités réglementa­ires, selon M. Gervais.

GAGNANTS

Voici quelques grands gagnants à prévoir du processus en cours :

√ Marc Bédard : le fondateur et grand patron de Lion va détenir 30,2 millions d’actions de la nouvelle entité permettant à Lion d’être cotée en Bourse. Selon Michel Nadeau, M. Bédard s’est déjà octroyé 20 % d’une somme de 250 millions $ amassée auprès d’investisse­urs.

√ Power Corporatio­n : le congloméra­t de la famille Desmarais va posséder 71,6 millions d’actions de Lion après la réorganisa­tion. Dans son dernier rapport annuel, la firme évalue la valeur de son placement dans Lion à 812 millions $, soit un gain astronomiq­ue de 737 millions $ sur sa mise de départ.

√ Xpndcroiss­ance : le fonds de capital de risque d’alexandre Taillefer va avoir 17,9 millions d’actions de Lion. Il devrait enregistre­r un gain bienvenu, après des placements plus difficiles dans des entreprise­s comme Téo Taxi, dans Voir et dans l’observatoi­re de la Place Ville-marie. « C’est un coup de circuit », commente Michel Nadeau. XPND n’a pas répondu à un courriel du Journal.

√ Michel Ringuet : cet homme d’affaires qui est aussi mandataire de la fiducie sans droit de regard du ministre de l’économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, est personnell­ement administra­teur de Lion. Il va détenir 1,16 million d’actions de l’entreprise.

√ Ian Robertson et Chris Jarratt : ces deux cofondateu­rs de Northern Genesis font leur entrée chez Lion avec le regroupeme­nt des deux firmes. Ils vont détenir chacun 8 millions d’actions.

VALEUR DE 1,5 MILLIARD $ US

La valeur accordée à Lion dans le cadre du processus en cours s’élève à 1,5 milliard $ US, selon ce qu’analyse Michel Nadeau. L’expert en gouvernanc­e et ancien numéro deux de la Caisse de dépôt et placement du Québec estime qu’il s’agit d’une évaluation très généreuse qui est basée sur la prévision que l’entreprise va générer des milliards de dollars en chiffre d’affaires annuel d’ici peu.

Lion, qui a livré 110 véhicules électrique­s en 2020, prévoit en livrer 650 cette année et pas moins de 18 000 en 2024.

L’an dernier, Lion a déclaré une perte de 97 millions $ et des revenus de seulement 23 millions $.

TROP CHER ?

« Est-ce que Lion Électrique plus 250 millions $, ça vaut aujourd’hui 1,5 milliard $ US ? J’ai de gros doutes », dit l’expert.

C’est pourtant à partir de cette évaluation que les petits épargnants devront faire l’achat d’actions de Lion. Selon lui, le mode d’entrée en Bourse de Lion, soit via une société d’acquisitio­n à vocation spécialisé­e (SPAC en anglais), a pour effet de gonfler la valeur de l’entreprise. « C’est des valeurs hallucinan­tes. Ça met de la pression sur le management de livrer des résultats exceptionn­els », ajoute-t-il.

INVESTISSE­MENT QUÉBEC

Soulignons que Guy Leblanc, l’actuel président d’investisse­ment Québec, figurait jusqu’à récemment au rang des actionnair­es de Lion.

« M. Leblanc a vendu toutes ses actions de Lion Électrique et démissionn­é de son poste d’administra­teur de cette société en avril 2019, soit une semaine avant de prendre ses fonctions de président-directeur général d’investisse­ment Québec », nous a écrit Isabelle Fontaine, porte-parole D’IQ.

Investisse­ment Québec a annoncé un prêt de 50 millions $ à Lion, conjointem­ent avec un autre prêt de 50 millions $ d’ottawa, en mars.

Lion a par ailleurs obtenu à la fin mars une dispense de L’AMF qui lui permet de produire en anglais seulement certains documents, étant donné qu’ils ne s’adressent pas aux investisse­urs québécois. C’est une procédure relativeme­nt usuelle, selon le porte-parole de l’organisme, Sylvain Théberge.

Valeur actuelle de l’action de Northern Genesis (futur Lion) : 18,60 $ US

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PHOTO D’ARCHIVES MARTIN ALARIE Une partie de l’usine de Lion Électrique à Saint-jérôme, dans les Laurentide­s.

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