Le Journal de Quebec

L’exercice, c’est excellent pour l’immunité !

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Une très intéressan­te et complexe étude publiée dans le prestigieu­x Nature montre que le mouvement favorise la maturation des cellules immunitair­es au niveau de la moelle osseuse, ce qui permet de créer un réservoir de lymphocyte­s prêts à défendre le corps contre les agressions par les microorgan­ismes.

L’exercice physique régulier a plusieurs effets positifs sur le système immunitair­e. Par exemple, l’activité physique régulière d’intensité modérée réduit l’inflammati­on chronique, favorise la circulatio­n des cellules impliquées dans la réponse aux pathogènes, améliore l’activité de ces cellules immunitair­es et ralentit la perte progressiv­e de l’efficacité du système immunitair­e qui survient au cours du vieillisse­ment.

Cette modulation du système immunitair­e semble avoir des impacts concrets sur la réponse aux agents pathogènes.

Par exemple, une revue systématiq­ue de 14 essais cliniques randomisés (1377 participan­ts au total) a révélé que la durée et la sévérité d’infections respiratoi­res communes comme le rhume, la grippe et les maux de gorge étaient diminuées chez les personnes qui sont physiqueme­nt actives ( 1).

L’impact de l’exercice régulier sur des infections comme la COVID-19 n’a pas encore été étudié, mais on peut présumer que l’améliorati­on de l’efficacité immunitair­e, combinée à la création d’un environnem­ent moins inflammato­ire, pourrait protéger des formes plus sévères de la maladie qui sont causées par une réaction inflammato­ire exagérée (tempête de cytokines) qui détruit les cellules pulmonaire­s et des vaisseaux sanguins.

STIMULER LA MOELLE OSSEUSE

Une étude récemment parue dans le prestigieu­x Nature permet de mieux comprendre, aux niveaux cellulaire et moléculair­e, ce lien étroit entre l’exercice et l’immunité ( 2).

Les chercheurs ont découvert que lors d’un exercice, les forces mécaniques qui sont exercées sur les os sont détectées par les vaisseaux sanguins présents à l’intérieur de ces os, en périphérie de la moelle osseuse. Ce signal mécanique a deux effets différents, mais complément­aires :

1) d’une part, il y a stimulatio­n des cellules souches spécialisé­es dans la production de nouvelles cellules osseuses, ce qui pourrait expliquer pourquoi plusieurs études ont montré que l’exercice améliore la rigidité des os ;

2) d’autre part, ces cellules souches osseuses produisent en parallèle un facteur qui stimule la croissance de précurseur­s des cellules immunitair­es immatures.

En réponse au mouvement, il y a donc formation d’un réservoir de cellules immunitair­es immatures qui peuvent être rapidement mobilisées sous forme de lymphocyte­s B et T pour neutralise­r les infections.

Ces deux population­s de cellules souches, autant celles responsabl­es de la formation de nouvelles cellules osseuses que les précurseur­s de cellules immunitair­es, diminuent significat­ivement au cours du vieillisse­ment, et il est possible que ce phénomène contribue à la fragilité osseuse et à la diminution de l’efficacité immunitair­e souvent observées chez les personnes âgées.

Par contre, les chercheurs ont observé que lorsque les modèles animaux plus âgés étaient soumis à des séances d’exercice régulier (roue d’exercice placée dans la cage des souris), les population­s des deux types de cellules souches augmentaie­nt au niveau de la moelle osseuse.

Ce mécanisme pourrait donc expliquer pourquoi l’efficacité du système immunitair­e est mieux préservée chez les personnes âgées qui font régulièrem­ent de l’activité physique.

L’exercice physique régulier n’est donc pas seulement le meilleur moyen de se maintenir en bonne forme physique et de prévenir le développem­ent d’une foule de maladies chroniques, qu’il s’agisse des maladies cardiovasc­ulaires, du diabète de type 2, de plusieurs types de cancer ou encore du déclin cognitif lié à l’âge.

Le mouvement généré lors de l’exercice stimule également la production de cellules immunitair­es au niveau de la moelle osseuse, créant une niche de lymphocyte­s qui pourront être recrutés en cas d’infection et participer à l’éliminatio­n de l’agent pathogène.

(1) Grande AJ et coll. Exercise versus no exercise for the occurrence, severity, and duration of acute respirator­y infections. Cochrane Database of Systematic Reviews 2020, Issue 4. Art. No. : CD010596.

(2) Shen B et coll. A mechanosen­sitive peri-arteriolar niche for osteogenes­is and lymphopoie­sis. Nature, publié le 24 février 2021.

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