Le Journal de Quebec

Trop tôt !

De cancre de la COVID au pays, le Québec fait soudaineme­nt figure de modèle.

- EMMANUELLE LATRAVERSE emmanuelle.latraverse@tva.ca

Meilleur bilan des grandes provinces dans cette 3e vague, meilleur taux de vaccinatio­n.

La tentation est forte de dire : « Libérez-nous de la COVID ! »

Le rêve de retrouver proches et amis est devenu un fantasme ; la perspectiv­e de boire un verre sur une terrasse entre amis, une obsession ; le projet d’un dîner en amoureux au restaurant sans les enfants, une fixation.

Et pourtant, ce n’est pas le temps.

Car entendons-nous, ouvrir les restaurant­s n’est pas une mesure de déconfinem­ent, c’est LE déconfinem­ent, la ligne d’arrivée d’une lente transition vers la normalité.

Or après 14 mois de pandémie, trois vagues, un Noël, deux Pâques, d’innombrabl­es anniversai­res sacrifiés.

Après deux années scolaires bancales, après un été sans camps de vacances pour les enfants, sans compétitio­ns sportives, sans spectateur­s pour hurler la joie d’une victoire miraculeus­e des Canadiens.

Après huit « Défi 28 jours », 220 soirées au restaurant sacrifiées.

Après tant d’efforts, est-ce que vraiment c’est le temps d’être téméraire ? Non.

Car on sait que l’embellie ne tient qu’à un fil. On sait ce qui arrive lorsqu’on déconfine trop vite. Alors, attendons au moins d’avoir atteint nos objectifs de vaccinatio­n avant d’ouvrir les restaurant­s.

Ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué !

SITUATION FRAGILE

Il s’agit de regarder les statistiqu­es quotidienn­es pour constater à quel point l’accalmie est relative.

Dès que le nombre de tests de dépistage augmente, le nombre de cas aussi. C’est ainsi que nous sommes passés de 797 cas mardi à 915 mercredi. La différence ? 14 828 tests de plus !

Le taux de positivité en ce moment est de 2,5 %. Il était à 1,7 % lorsque les restaurant­s ont rouvert leurs portes en juin 2020.

Et les hospitalis­ations ? Elles sont au même niveau qu’en plein confinemen­t de novembre dernier.

Les soins intensifs ? Comme le 29 décembre dernier.

La pandémie nous a appris que ce n’est pas parce que ça va mieux que ça va assez bien pour tout risquer.

PLUS DE YOYO, SVP !

Qu’est-ce qui compte le plus ? S’offrir un été potable ou un brunch dimanche prochain ?

Les variants, plus contagieux, ont changé le visage de la pandémie. Ouvrir les restaurant­s est malheureus­ement plus risqué que lors de la première vague.

Pourquoi ne pas attendre qu’une masse critique de Québécois soit vaccinée avant de relancer le bal des rencontres et des soupers ?

Concentron­s-nous sur cette priorité : immuniser le plus grand nombre, le plus rapidement possible.

Et n’oublions pas le rôle que joue le « ras-le-bol pandémique » dans la décision des gens de surmonter leurs craintes et d’enfin se faire vacciner.

Seront-ils au rendez-vous si la vie normale reprend son cours avant la ligne d’arrivée ?

Car il est bien plus tentant de siroter un verre de vin sur une terrasse que de faire la file au stade olympique !

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