Cardinal aurait couché avec une ado du centre jeunesse
Le jury qui délibère ignore tout de cette enquête qui compterait neuf victimes
JOLIETTE | Le jury qui a été séquestré hier pour décider du sort de Benoit Cardinal quant au meurtre prémédité de sa conjointe ignore tout d’une enquête menée par la police de Laval concernant des allégations d’agression sexuelle sur neuf adolescentes.
Les présumées victimes de l’éducateur de 35 ans auraient toutes été hébergées à un moment ou un autre au Centre jeunesse de Laval, où travaillait Cardinal jusqu’à la semaine précédant la mort de Jaël Cantin.
C’est la mère d’une des adolescentes, âgées de 13 à 17 ans, qui aurait demandé à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) d’enquêter, après avoir découvert des textos inappropriés dans le cellulaire de sa fille.
Ceux-ci font état d’une grande proximité entre l’accusé et les filles, dont l’une à qui il a notamment écrit : « Je t’aime aussi ma pitoune ».
Le Journal avait d’ailleurs publié des captures d’écran de ces messages, quelques jours après le meurtre de la mère de six enfants, en mentionnant que la police de Laval était chargée de l’affaire. Or, il appert que Benoit Cardinal ne se serait pas contenté de mots doux à l’endroit de plusieurs adolescentes.
Il y aurait également eu des câlins, des baisers, des attouchements et des relations sexuelles complètes avec au moins une jeune fille, et ce, à plusieurs reprises.
Ces informations ont par la suite été incluses dans une série de mandats de perquisition demandés par la Sûreté du Québec dans le cadre du dossier d’homicide.
Les médias ne pouvaient révéler ce pan de l’enquête tant que le jury n’était pas séquestré pour délibérer, ce qui a été ordonné hier après-midi.
TROP PRÉJUDICIABLE
La juge Johanne St-gelais avait préalablement tranché, avant le procès, qu’aucun détail concernant de possibles agressions sexuelles commises par Benoit Cardinal ne pouvait être divulgué aux 14 jurés, car cela pouvait être préjudiciable à l’accusé.
En d’autres termes, la magistrate voulait éviter que le jury conclue erronément que l’éducateur n’avait aucun scrupule à assassiner sa conjointe, puisqu’on lui reprochait déjà d’avoir commis d’autres crimes.
C’est pourquoi l’adolescente qui a témoigné avoir été informée des plans meurtriers de Cardinal a dû occulter une part importante de son récit devant le tribunal.
Laurie (nom fictif) a en effet affirmé à la police de Laval avoir eu plusieurs relations sexuelles avec son éducateur.
AGRESSION DANS LE CABANON
Elle a donné beaucoup de détails aux enquêteurs sur les endroits où se seraient produites les agressions : dans la voiture de celui-ci, en prétextant un achat de bonbons au Bulk Barn, dans une salle de réunion du centre jeunesse, dans un cabanon où étaient rangés des articles de sport.
Laurie a ajouté qu’il est arrivé à quelques reprises que Cardinal vienne la réveiller dans sa chambre en lui touchant les parties intimes, comparant cela à une relation amant-maîtresse.
Suspendu pendant quelques semaines durant les Fêtes 2019, Cardinal a démissionné de son poste 24 heures après le déclenchement de l’enquête policière.
Aucune accusation d’agression sexuelle n’a été déposée contre lui pour le moment. Selon nos sources, cette enquête est présentement « sur pause » en attendant le dénouement du procès pour meurtre.