La perte d’audition n’est pas exclusive à certains métiers
Ce ne sont pas seulement les travailleurs de la construction ou des usines qui devraient s’inquiéter de l’exposition au bruit excessif, mais aussi ceux de l’industrie des services, comme les employés de restaurants ou de salons de coiffure : c’est le message que veut véhiculer l’animatrice Marie-josée Taillefer, ambassadrice de Lobe, réseau de cliniques en santé auditive.
Si une perte auditive peut être le résultat d’un traumatisme sonore, elle se développe aussi de manière plus insidieuse, comme en étant exposé souvent à des bruits quotidiens.
« Plus on a une fatigue auditive, plus ça joue sur notre état de santé général. On peut avoir des sautes d’humeur, des problèmes de sommeil, d’irritabilité », soutient Mme Taillefer, elle-même mère de deux enfants atteints de surdité à la naissance.
LA MUSIQUE
Lorsqu’on parle de problèmes d’audition, « on pense aux personnes qui ont un casque et des protecteurs sur les oreilles et qui sont dans des milieux très bruyants, comme les usines et la construction », fait remarquer
Mme Taillefer. Mais pour d’autres corps de métier, le réflexe semble moins présent, regrette-t-elle.
Et pourtant, « il suffit d’aller souper avec des amis dans un resto-bar, où il y a de la musique, où les gens parlent fort, et qu’on doit élever la voix pour se comprendre à la même table. Alors imaginez les gens qui y travaillent jour après jour ! » lance-t-elle.
« Un salon de coiffure, c’est un bon exemple. J’ai fait des tests avec un audiomètre et on voit que ça monte très haut. Quand il y a beaucoup de coiffeurs, les séchoirs qui fonctionnent, la musique à tue-tête, les gens qui placotent et qui rient, ça monte très vite » sur le plan des décibels.
En ce mois de la parole et de l’audition, Mme Taillefer suggère de repenser les environnements de travail pour les rendre moins bruyants, comme en installant des barrières sonores, un peu à la manière des cloisons installées durant la pandémie.
TRAVAIL À RISQUE
Il n’en demeure pas moins que l’écrasante majorité des travailleurs affligés de la surdité professionnelle sont masculins et qu’ils exercent des métiers comme ceux de la manutention et de la construction.
En 2014, l’institut national de santé publique du Québec a effectué un portrait de la surdité professionnelle acceptée par la Commission de la santé et de la sécurité du travail au Québec, entre 1997 et 2010.
Près de 70 % des cas étaient recensés chez les manutentionnaires, les travailleurs spécialisés dans la fabrication, le montage et la réparation, les travailleurs du bâtiment, les travailleurs des industries de transformation et les usineurs.