Les hauts et les bas de la politique
Après 15 mois de pandémie, dominer les intentions de vote avec un taux d’appui de 46 %, selon le dernier sondage Léger, c’est toute une marque de satisfaction pour un premier ministre du Québec. Bien sûr, les Québécois ont l’habitude d’être solidaires avec leur gouvernement en moments de crise, mais il y a plus que ça.
Je le dis sincèrement, même si je suis une ancienne ministre libérale, je ne pense pas que les Québécois auraient adhéré autant aux mesures sanitaires si le gouvernement de Philippe Couillard avait été réélu.
Et ça n’a rien à voir avec la personnalité de mon ancien chef, qui aurait certainement eu le bon ton, les connaissances et les qualités exceptionnelles pour diriger les troupes en période de pandémie.
Rien à voir non plus avec les autres membres de l’équipe, qui avaient des compétences très pointues, notamment en santé et en économie.
Sauf qu’après plusieurs années à gouverner et à être démonisé par la CAQ, qui avait soif de pouvoir, mon parti n’avait manifestement plus la cote et nos messages, aussi positifs fussentils, étaient difficiles à faire passer. Nous avions perdu la bataille des communications, ce qui est essentiel en politique.
François Legault a beau être un politicien de longue date à l’assemblée nationale, le parti qu’il dirige est plutôt récent et gouverne pour la première fois, ce qui rend la population beaucoup plus indulgente.
TRAVAIL DIFFICILE
Aussi, dans le contexte de la COVID-19, il est très difficile pour les oppositions de critiquer ouvertement le gouvernement. Elles ne veulent surtout pas nuire aux efforts qui sont déployés pour combattre cette fameuse pandémie.
Les députés du PLQ, du PQ, de QS et les indépendants soutiennent donc le gouvernement dans ses mesures exceptionnelles et invitent leurs citoyens à se faire vacciner.
Les oppositions tentent de se démarquer avec des propositions très pertinentes, comme les masques gratuits dans les écoles et l’amélioration de la ventilation.
Elles mettent aussi de la pression pour défendre certaines clientèles laissées pour compte, comme le manque de soutien pour les milliers de Québécois atteints de la « COVID longue », pour qui les symptômes du virus persistent pendant des mois.
Cependant, même si elles font évoluer le débat et poussent le gouvernement à être meilleur en réajustant le tir dans certains dossiers, les oppositions n’en retirent pas le crédit. Tout le mérite est attribué au gouvernement Legault, qui a accès en direct à toutes les tribunes et qui doit prendre les décisions.
Les citoyens retiennent donc que le premier ministre est à l’écoute, sait reconnaître ses torts et apporter les correctifs. Pour l’instant, aucun autre chef de parti n’a réussi à démontrer aux Québécois qu’il ou elle aurait pu faire mieux que François Legault pour gérer cette crise.
LES AUTRES DOSSIERS
Cela dit, dans les autres dossiers, comme l’immigration, la crise du logement, la langue française, l’éthique, pour ne nommer que ceux-là, le gouvernement Legault n’a pas brillé jusqu’à maintenant. Toutefois, dès qu’un dossier le fait mal paraître, il peut se permettre de faire une nouvelle annonce de santé publique pour l’éclipser.
Les sondages sont le reflet du moment. Lorsque la pandémie sera derrière nous et que les autres dossiers seront à nouveau mis de l’avant, l’aiguille des intentions de vote pourrait se mettre à osciller davantage.
Même si la CAQ a pour l’instant une nette avance, rien n’est encore joué pour les élections générales de 2022. Il faut toutefois l’admettre : pour les oppositions, la tâche demeure colossale.