L’art de ne rien faire
Lors de son élection, en 2015, Justin Trudeau avait promis le retour du « gouvernement par cabinet ». Retour, donc, à une époque où les ministres prendraient des décisions, en assumeraient les risques.
Fini les ministres plantes vertes, les ministres libéraux allaient gouverner!
Or, le scandale entourant les allégations d’inconduite sexuelle contre l’ancien chef d’état-major des Forces armées canadiennes Jonathan Vance met un clou dans le cercueil de ce mirage.
Pire, non seulement le bureau du premier ministre décide-t-il de tout, il n’est responsable de rien quand ça va mal.
INERTIE
Ce gouvernement a pris la mauvaise habitude de blâmer systématiquement la fonction publique lorsqu’un ministre se retrouve dans l’eau chaude.
C’est ainsi qu’en comité parlementaire, Katie Telford, la cheffe de cabinet de Justin Trudeau, a réussi à faire porter le chapeau à la haute fonction publique pour le fiasco du général Vance.
Rappelons qu’en 2018, son mandat a été prolongé, avec une augmentation de salaire, malgré le fait que le ministre de la Défense ait été alerté d’allégations d’inconduite à son endroit.
Mais le ministre a passé la patate chaude au bureau du premier ministre, qui l’a refilée au Conseil privé. Lorsque celui-ci a plaidé qu’il ne pouvait pas intervenir face au refus de la victime de porter plainte, eh bien, on a tout mis sous le tapis.
Surtout pas question d’informer le premier ministre ! Imaginez, il aurait eu à intervenir !
Trois ans plus tard, l’ancien général fait face à une enquête formelle pour de nombreuses allégations de harcèlement sexuel, et son successeur également.
Trois ans de perdus dans la lutte contre les agressions sexuelles et le climat toxique dans l’armée.
Mais au pays de Justin Trudeau, personne n’est à blâmer. Ni lui, ni son ministre, ni sa cheffe de cabinet, ni son personnel politique.
Ils sont féministes. Ils veulent le bien. Le reste, c’est secondaire.