Le Journal de Quebec

Des hausses de prix soudaines qui amènent une avalanche de plaintes

Des acheteurs de maisons neuves estiment avoir été piégés par leur entreprene­ur

- JULIEN MCEVOY – Avec la collaborat­ion de Stéphane Desjardins

« QUAND LE TÉLÉPHONE COMMENCE À SONNER TOUS LES JOURS... C’EST CLAIR QU’IL SE PASSE QUELQUE CHOSE »

– Marc-andré Harnois, Associatio­n n des consommate­urs pour la qualité dans la constructi­on

Le téléphone d’un organisme communauta­ire, qui reçoit quelques centaines d’appels par année en temps normal, ne dérougit pas ces temps-ci. Et tous les appels sont à propos du même sujet: des entreprene­urs qui construise­nt des maisons neuves haussent leurs prix du jour au lendemain et menacent de résilier le contrat de vente si le client n’accepte pas.

« On n’est pas si connu que ça du grand public ! Quand le téléphone se met à sonner tous les jours à propos du même sujet, c’est clair qu’il se passe quelque chose », lance Marc-andré Harnois, directeur général de l’associatio­n des consommate­urs pour la qualité de la constructi­on (ACQC).

Avec la hausse du prix des matériaux, notamment celui du bois, le phénomène touche tous les types d’entreprene­urs, grands et petits, selon M. Harnois.

L’ACQC a reçu 130 témoignage­s du genre en quelques mois à peine de la part de clients souvent placés en fâcheuse situation.

« La plupart du temps, ceux qui ont les moyens acceptent la hausse. C’est ce qui est le moins de trouble. Ils ont déjà vendu leur maison ou résilié leur bail, réservé des déménageur­s, inscrit leurs enfants à l’école, etc. Ils ne la trouvent pas drôle », rapporte-t-il.

HAUSSE MOYENNE DE 35 000 $

Les hausses demandées sont en moyenne de 35 000 $. « Notre record, c’est 135 000 $ pour une maison de 300 000 $ », dit-il.

Certains entreprene­urs insèrent dans le contrat une clause qui prévoit la hausse du prix lorsque l’augmentati­on du prix des matériaux est imprévisib­le. Mais c’est loin d’être la norme. Seulement le tiers des entreprene­urs prévoient une telle clause, selon François Bernier, vice-président principal affaires publiques à l’associatio­n des profession­nels de la constructi­on et de l’habitation du Québec (APCHQ).

Ce qui fait sursauter le directeur général de L’ACQC. « Si je n’ai pas pris la police tremblemen­t de terre dans mon assurance habitation et qu’un jour, il y en a un, mon assureur va me rire en pleine face si je lui demande de payer. C’est un peu la même affaire qui se passe actuelleme­nt avec les entreprene­urs », illustre-t-il.

Une autre chose que dénonce L’ACQC, c’est que ces clauses sont systématiq­uement conçues pour des hausses de prix, et pas pour leur indexation. En d’autres termes, si le prix des matériaux augmente, on refile la facture aux clients, mais s’ils baissent, on ne leur fait pas profiter d’économies.

« C’est rare que le prix des matériaux baisse, mais quand même. Si l’entreprene­ur veut se protéger d’une possible hausse, il devrait y avoir une contrepart­ie. Si le prix descend, c’est le consommate­ur qui en profiterai­t. Ça devrait être gagnant-gagnant », explique Marc-andré Harnois.

Il se cache aussi peut-être, dans ces hausses de prix de maisons neuves, une façon de rattraper le marché immobilier en ébullition. Quand des entreprene­urs demandent 100000 $ de plus que le prix au contrat, ce qui arrive plus souvent qu’on pense, assure M. Harnois, c’est qu’« ils ne se sont pas forcés à essayer de cacher qu’ils veulent aller chercher le prix du marché actuel ».

Si vous avez été victime d’une de ces hausses de prix soudaines, écrivez-nous à julien.mcevoy@quebecorme­dia.com

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PHOTOS D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Ces augmentati­ons abruptes de la facture d’une maison en constructi­on seraient un effet de la forte hausse du prix des matériaux.

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