Le Journal de Quebec

L’autisme à visage découvert

- LOUISE DESCHÂTELE­T T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je vous écris pour vous dévoiler que j’ai 23 ans et que je fais partie des personnes diagnostiq­uées TSA niveau 1. Il n’a pas toujours été évident pour moi de me reconnaîtr­e dans ce groupe. Au début, je refusais mon diagnostic. Mais avec les années, j’ai appris que les personnes autistes pouvaient aussi être des personnes formidable­s. C’est ensuite grâce au mot « persévéran­ce » que j’ai tracé ma route et que j’ai pu faire ma marque sociale. Permettez-moi de vous raconter brièvement mon histoire.

Le déclencheu­r fut la traversée d’une période sombre qui a duré deux ans et qui est survenue dans ma vie à l’âge de 18 ans. Vivant alors un changement imprévu de train de vie que je m’abstiendra­i de décrire ici, j’ai décidé de profiter de l’occasion afin de m’organiser pour devenir une personne normale en dépit de ma différence.

Je trouvais que c’était une occasion en or pour réaliser mon rêve de devenir cuisinière. J’ai décidé de m’inscrire dans une école hôtelière, mais ce fut un échec. L’anxiété très présente en moi a fait en sorte que je fus renvoyée de cette école. Je me suis alors inscrite dans une autre, moins exigeante que la première, où j’ai réussi. Je suis sortie de là avec un diplôme pour commencer ensuite à travailler dans une résidence.

Tout allait bien jusqu’à ce que la pandémie nous tombe dessus. C’est là que tout a basculé. En perdant mon emploi, j’ai perdu en même temps toute ma confiance en moi. Comme si la fille extrêmemen­t exigeante envers elle-même que je suis, celle qui veut être normale et surtout parfaite en tout temps, perdait d’un seul coup tous ses moyens.

C’est comme si j’avais un gros noeud sur le coeur qui m’empêche de redevenir celle que j’étais avant. Même si je suis en processus de terminer mon secondaire, j’ai comme perdu toute motivation en même temps que j’ai perdu la confiance. Et mon malaise semble grossir un peu plus chaque jour tant j’ai peur de couler. Comment travailler pour inverser tout ça et redevenir comme avant ?

Une jeune TSA

Il ne faut pas vous laisser glisser ainsi sans réagir. Il faut concentrer vos pensées sur votre réussite antérieure qui est un gage patent de vos capacités à franchir les étapes avec succès. Parlez de votre ressenti avec les proches qui peuvent vous soutenir et vous encourager. Ne leur cachez pas le combat intérieur que vous menez.

Si vous aviez une aide quelconque avant la pandémie, n’hésitez pas à y avoir recours de nouveau. Ou à défaut, faites appel au CLSC de votre lieu de résidence pour solliciter le soutien d’un travailleu­r social. Il existe aussi la Fédération québécoise de l’autisme qui pourrait vous soutenir dans votre démarche. Pour la joindre si vous êtes à Montréal vous composez le 514 2707386, et de l’extérieur de Montréal le 1 888 830-2833.

Je n’en suis pas revenu en lisant un de vos récents courriers. Quels commentair­es mollassons vous avez faits à la personne qui signait « Sagesse » qui disait vivre dans un beau petit quartier propre malheureus­ement pollué par la présence de deux personnes handicapée­s que leurs parents promènent en fauteuils roulants.

Hé, on est en 2021 ! Il faudrait encore que les personnes handicapée­s se promènent de nuit pour ne pas déranger la quiétude du quartier ? J’aurais pensé vous voir monter aux barricades pour dénoncer un tel comporteme­nt. Au lieu de ça, vous leur suggérez d’entreprend­re un dialogue avec la mère de ces personnes. J’ai trouvé ça révoltant de votre part !

Réjean Villeneuve

Vous avez droit à votre opinion. Mais, personnell­ement, je considère que pour maintenir des relations civiques dans un quartier que l’on partage avec d’autres, il vaut toujours mieux y aller avec la diplomatie que via un processus d’affronteme­nt et de guerre ouverte.

Mettre les choses en équilibre est une bonne chose, mais mettre les choses en harmonie est encore mieux.

– Victor Hugo

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