Le triste déracinement d’une équipe de hockey
Vous connaissez le club de soccer l’athletic Bilbao ?
C’est un club de première division espagnole du Pays basque, ce tout petit coin de territoire chevauchant à la fois la France et l’espagne.
Ce club possède une politique maison unique : que des joueurs nés au Pays basque ou ayant une ascendance basque, ainsi que des joueurs formés par l’équipe, peuvent fouler la pelouse verte de la ville de Bilbao. Politique radicale, n’est-ce pas ?
Pourquoi je vous parle de l’athletic Bilbao ce matin ? Parce qu’à la dernière rencontre du Canadien, aucun joueur québécois ne patinait sur la glace du Centre Bell. Une première en 112 ans d’histoire.
Bien sûr, comparer la situation du Canadien à l’athletic Bilbao est complètement démagogue. Ça va, je sais.
Mais cela illustre néanmoins ceci : c’est encore possible, à l’heure de l’ouverture des marchés et de l’économie triomphante, de s’ancrer dans sa communauté.
DIMENSION CULTURELLE
Je sais en écrivant cette chronique que plusieurs d’entre vous m’écriront pour me lancer cette réponse prémâchée : l’important, c’est le « produit sur la glace ».
Vous avez raison. Le Canadien nous offre bel et bien un produit.
Un produit qui répond au principe de l’offre et la demande. Qui n’ouvre les portes de son amphithéâtre qu’à ceux qui sont en moyen. Qui n’hésite pas à surcharger les rencontres qui sont les plus populaires. Et qui ne se formalise pas réellement qu’aucun joueur québécois ne soit en uniforme.
Le Canadien n’est plus une institution sociale. C’est une entreprise privée, vidée de sa dimension sociale, collective et culturelle. Est-ce appartenir à la ligue du vieux poêle que de rappeler que la suspension d’un de ses joueurs est considérée comme la première allumette de ce que nous avons nommé la Révolution tranquille ?
AILLEURS
Au même moment, l’effectif du CF Montréal, qui répond aux mêmes exigences de l’époque, compte 11 Québécois sur 30. Je regarde aussi l’effectif des Alouettes : 24 joueurs québécois s’y trouvent.
Mais ne vous en faites pas, chers partisans, nos grands glorieux ont réussi à amorcer les séries.