Le Journal de Quebec

Bernard Lachance meurt du sida, dont il niait l’existence

Le chanteur s’était fait connaître lors d’un passage à l’émission télévisée d’oprah

- ÉTIENNE PARÉ

Les proches du chanteur Bernard Lachance, connu pour avoir été invité à Oprah, tiennent à sensibilis­er la population à l’importance de la trithérapi­e pour traiter le sida, dont il est mort hier après avoir arrêté ses traitement­s.

« S’il n’avait pas arrêté son traitement, il serait en vie comme tout le monde », a brièvement commenté en pleurs Andrée Côté, la mère de Bernard Lachance, décédé hier matin à 46 ans.

L’auteur-compositeu­r-interprète amateur avait connu une certaine notoriété en 2009 quand il était parvenu à remplir le prestigieu­x Chicago Theater en vendant ses billets de spectacle dans la rue.

Cet exploit lui avait valu d’être interviewé par Oprah Winfrey et lui avait permis de se produire à la Place des Arts.

L’artiste originaire de Montmagny a appris quelques années plus tard qu’il était séropositi­f.

Dans de multiples vidéos sur Youtube, il expliquait avoir cessé de prendre ses médicament­s après avoir supposémen­t découvert que le VIH était un vaste complot de l’industrie pharmaceut­ique.

« Il n’a jamais accepté d’avoir attrapé le VIH. Il était dans un déni qui l’a suivi jusqu’à la toute fin », raconte sa soeur, Marie-claude Lachance, qui a plusieurs fois essayé de le raisonner avant de finir par couper les ponts avec lui.

TRAITEMENT EFFICACE

La dernière fois qu’elle lui a parlé, il était devenu squelettiq­ue, mais continuait d’affirmer haut et fort que ni le sida ni la COVID-19 n’étaient réels.

« Je suis triste, mais je suis aussi fâchée. Je ne veux pas qu’il ait entraîné d’autres personnes dans son délire », confie Mme Lachance, qui tient à rappeler les bienfaits de la trithérapi­e.

« La trithérapi­e a fait en sorte que les personnes à qui l’on diagnostiq­ue aujourd’hui le VIH ont une espérance de vie plus longue que les personnes séronégati­ves », poursuit le Dr Robert Pilarski de la clinique La Licorne, axée sur la santé sexuelle.

Ce dernier réitère également que ce traitement rend indétectab­le la charge virale des personnes séropositi­ves, empêchant ainsi la transmissi­on du virus.

Même si on parle aujourd’hui plutôt d’une maladie chronique, un diagnostic de VIH reste dur à encaisser, ce qui peut amener certains patients à sombrer dans des théories du complot par réconfort.

« C’est vrai pour le cancer, les maladies graves ou la COVID. Adhérer aux idées complotist­es est une façon d’affronter sa peur, de la minimiser, de la nier », constate la psychiatre Cécile Rousseau, dont les travaux portent sur la radicalisa­tion.

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PHOTO D’ARCHIVES Le chanteur Bernard Lachance lors de son passage à l’émission d’oprah Winfrey, à Chicago, en 2009.

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