Le Journal de Quebec

Dufour sans arme pour combattre la montée en flèche des prix du bois

Hausse de production et contrôle des exportatio­ns, pas des solutions valables

- MARTIN JOLICOEUR Si vous avez des témoignage­s au sujet des impacts de la hausse du prix des matériaux de constructi­on, écrivez à julien. mcevoy@quebecorme­dia.com.

« IL SEMBLE QUE LE CHAOS VA SE POURSUIVRE JUSQU’EN SEPTEMBRE DE CETTE ANNÉE »

– Pierre Dufour, ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs

Le ministre Pierre Dufour affirme s’inquiéter de l’explosion des prix du bois et de ses conséquenc­es — souvent importante­s — sur les finances des Québécois. Mais il s’avoue d’un même souffle démuni pour lutter contre les forces du marché.

« Si je me fie à ce qu’on dit, il semble que le chaos va se poursuivre jusqu’en septembre de cette année. Et [quoi que fasse le gouverneme­nt] c’est sûr et certain que pour les mois d’été…. En fait, on n’est pas très positif (sic) que les prix baissent, concrèteme­nt parlant, avant septembre. »

Le ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs accorde d’ordinaire peu d’entrevues aux médias.

CONSOMMATE­URS EN OTAGE

Souvent accusé par les verts d’être à la solde de l’industrie forestière, il se voit aujourd’hui talonné par les consommate­urs, confrontés à des hausses de prix sans précédent des matériaux de constructi­on.

Ces derniers jours, Le Journal a fait état de situations où des entreprene­urs prennent des ménages en otage, en rehaussant après coup — parfois de plus de 100000 $ — le montant initialeme­nt entendu pour la constructi­on de leur maison.

« Est-ce qu’il y a des actions qu’on peut faire pour protéger davantage les clients du Québec qui achètent du bois pour construire ? C’est le genre de questionne­ment auquel nous réfléchiss­ons présenteme­nt. »

Le ministre Dufour affirme avoir justement échangé lundi avec son collègue et ministre de l’économie et de l’innovation, Pierre Fitzgibbon, à ce propos. « On doit se rencontrer de nouveau cette semaine. Devant un enjeu pareil, on n’a pas d’autre choix que de discuter avec le MEI. »

PLUSIEURS OPTIONS ENVISAGÉES

De quelle manière Québec peut-il intervenir ? Y aurait-il lieu de réinvestir dans la réouvertur­e de scieries déjà fermées? De limiter les exportatio­ns de bois ? Ou encore d’accorder de plus grands volumes de coupes?

Toutes les options seraient sur la table pour tenter de freiner cette hausse de prix pour le consommate­ur.

Mais pas question, tranche le ministre, d’octroyer à l’industrie forestière les quatre millions de mètres cubes de bois supplément­aires qu’elle réclame depuis des semaines.

« C’est prématuré, juge-t-il. Avant d’octroyer de nouvelles possibilit­és d’approvisio­nnement sur nos terres publiques, il va falloir que l’industrie épuise les autres solutions à sa dispositio­n. » À commencer, dit-il, par un plus grand recours aux producteur­s privés. La province compterait plus de 130 000 forêts privées.

Pas question non plus, pour l’instant, de restreindr­e les exportatio­ns de bois du Québec vers les États-unis, comme l’a d’abord suggéré le député péquiste de Bonaventur­e, Sylvain Roy. Après analyse, l’idée risquerait de causer plus d’ennuis que d’avantages pour les Québécois, soutient le ministre.

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PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, lors d’un de ses rares points de presse, en 2019.

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