Un courtier a acheté entre « 150 000 et 200 000 noms »
Le courtier Mathieu Joncas, suspect dans le vol de données chez Desjardins, a admis avoir acheté entre « 150000 et 200000 noms » avec des données confidentielles, a indiqué la syndique adjointe de l’organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), Julie Pinet.
Hier, l’audience de Mathieu Joncas a commencé devant le comité de discipline de L’OACIQ. Il est visé par deux plaintes, notamment pour avoir acheté en 2016 ou 2017, comme courtier hypothécaire, des listes de potentiels clients comportant des renseignements confidentiels.
On reproche entre autres à M. Joncas de ne pas avoir vérifié si les personnes inscrites sur ces documents avaient consenti à la transmission de leurs informations personnelles. L’OACIQ affirme aussi dans cette plainte que le suspect n’a pas dévoilé lors d’un interrogatoire, en octobre 2019, « tous les faits dont il avait connaissance concernant ces listes de potentiels clients ».
La seconde plainte vise un possible conflit d’intérêts pour Mathieu Joncas.
ACHAT POUR 40 CENTS OU 1 $
Lors de son témoignage, Julie Pinet a révélé que Mathieu Joncas a payé
« 1 $ » pour acheter les 50000 premiers noms auprès d’un autre suspect dans le dossier du vol de données chez Desjardins, et « 40 cents » pour chaque autre personne. Pour un montant total entre 90 000 $ et 110 000 $.
Mme Pinet a aussi remis en question la collaboration de Mathieu Joncas durant l’enquête. Pour des raisons médicales, il n’a pas pu se présenter à la rencontre programmée avec L’OACIQ le 18 octobre 2019, à Québec.
« On s’est quand même présenté à l’agence [de Mathieu Joncas] », a raconté Mme Pinet, précisant que l’ordinateur du suspect n’était toutefois pas dans son bureau, malgré cette demande.
Lors de cette visite, ils ont découvert des listes de clients avec des données sensibles, comme des soldes hypothécaires, des taux hypothécaires, la valeur de propriétés, des primes d’assurance invalidité et des primes d’assurance vie.
L’interrogatoire de Mathieu Joncas a finalement eu lieu le 30 octobre, à Montréal, a mentionné Julie Pinet. Il était alors accompagné de son avocat.
Mathieu Joncas s’est présenté avec un ordinateur « vide », avec « aucune donnée », a-t-elle dit. Il a affirmé avoir éprouvé des problèmes informatiques. Il n’avait également pas son cellulaire avec lui, a déploré la syndique.