Le Journal de Quebec

C’est inacceptab­le !

- – Propos recueillis par Gilles Moffet

Je n’ai jamais imaginé qu’un jour, le Canadien de Montréal entamerait un match sans la présence d’un seul Québécois dans sa formation, et à mon avis, c’est inacceptab­le.

Je comprends qu’il y a eu un peu de malchance dans cette situation, lundi, puisque Phillip Danault est blessé et que Jonathan Drouin n’est pas disponible, mais quand même. On doit avoir plus de Québécois du calibre de la Ligue nationale dans notre organisati­on. C’est important.

Je suis tellement fier d’avoir porté l’uniforme du Canadien, et à peu près tous les jeunes Québécois du hockey mineur en rêvent. C’est une expérience que je souhaite à tous nos jeunes. Et comme je le disais la semaine dernière, j’espère que Jonathan Drouin retrouvera le plaisir de jouer et saura apprécier tous les avantages que ça représente d'évoluer à Montréal.

Je sais qu’on trouve des joueurs partout sur la planète aujourd’hui et qu’avec 32 équipes, c’est plus difficile de repêcher les meilleurs Québécois, mais le Canadien n’a pas le droit d’échapper les talents locaux qu’il a la possibilit­é d’obtenir.

C’était l’une des premières règles de Serge Savard lorsqu’il était directeur général du Canadien et avec qui j’ai joué une ronde de golf hier à Hilton Head. Il ne voulait pas échapper un Québécois, et en plus, il y avait une véritable compétitio­n pour les nôtres entre le Canadien et les Nordiques de Québec. Les choses ont commencé à changer avec Bob Gainey.

À ma dernière saison à Montréal je vivais de moins bons moments et Gainey m’a cédé au Colorado le 8 mars 2006. Une dizaine de Québécois avaient porté l’uniforme du Canadien, cette année-là, même s’ils n’étaient pas tous des réguliers.

Outre moi, il y avait Mike Ribeiro, Steve Bégin, Francis Bouillon, Mathieu Dandenault, Pierre Dagenais, Jonathan Ferland, Yann Danis,

Maxim Lapierre et Jean-philippe Côté.

Au mois de septembre 2006, Gainey a envoyé Ribeiro chez ses anciens Stars de Dallas et seulement cinq Québécois ont porté l’uniforme du CH en 2006-2007, soit Guillaume Latendress­e, Bouillon, Dandenault, Lapierre et Bégin.

EN FAIRE UNE PRIORITÉ

Depuis, on n’a jamais senti qu’aligner des Québécois était une priorité. Oui, Marc Bergevin a payé le gros prix pour obtenir Drouin dans une transactio­n, mais en ce qui concerne les contrats, la mentalité de l’organisati­on est trop souvent de faire patienter les Québécois en espérant qu’ils signent au rabais, et c’est la situation dans laquelle se retrouve Danault en ce moment.

Au-delà de ça, il faut que l’organisati­on du Canadien connaisse les joueurs québécois par coeur, quitte à embaucher davantage de recruteurs. Ainsi, ils auront plus de chances de commettre des « vols » et de dénicher un Jonathan Marchessau­lt, un Yanni Gourde, un Anthony Duclair, un Cédric Paquette, et je pourrais en nommer d’autres.

En ce qui concerne les gardiens, les Québécois commencent à être rares, mais pourquoi ne pas avoir mis la main sur un Jonathan Bernier plutôt qu’un Keith Kinkaid par exemple ?

Les décisions de hockey reviennent au directeur général et à ses lieutenant­s, mais tout part d’en haut. Geoff Molson ne peut pas dire à son DG de repêcher ou de faire signer tel ou tel joueur, mais il peut s’assurer qu’on scrute le talent local au microscope. Il s’agit d’en faire une priorité.

LE BON VIEUX TEMPS

Une nouvelle rivalité Nordiques/ Canadien changerait la donne, mais ça ne semble pas être pour demain. Ça soulevait les passions et je me souviens que mes deux ou trois amis à l’école qui étaient partisans des Nordiques m’agaçaient royalement quand leur équipe battait « mon » Canadien. Je me payais la traite quand c’était l’inverse.

Je m’identifiai­s tellement aux joueurs québécois du Canadien, notamment Patrick Roy, Guy Carbonneau, Stéphane Richer et Claude Lemieux. On sentait qu’ils avaient l’équipe à coeur.

Jouer pour le Canadien a fait de moi un meilleur joueur, car je ne pouvais connaître deux mauvais matchs de suite sans en entendre parler. Parfois, c’est plus dur pour un Québécois à Montréal, mais c’est une grande source de motivation et l’organisati­on devrait tirer sur cette ficelle.

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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER La commotion cérébrale de Phillip Danault a créé une commotion au Québec.

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