Un marché unique
L’ex-capitaine Brian Gionta a réalisé ce que c’était de jouer à Montréal
« AVEC MES ANNÉES À MONTRÉAL, J’AI MIEUX COMPRIS QUE LE CANADIEN N’EST PAS JUSTE UN LOGO »
– Brian Gionta
Brian Gionta a porté le « C » durant quatre saisons avec le Canadien, de 2010-2011 à 2013-2014. Originaire de Rochester, dans l’état de New York, il prenait le flambeau de Saku Koivu après une campagne orpheline de capitaine à sa première année à Montréal, en 2009-2010.
Gionta a vécu cinq ans à Montréal. Il y a joué un rôle important, assez pour bien comprendre l’histoire du Canadien et toute sa symbolique pour le Québec. De retour chez lui, près de Rochester, l’ancien ailier droit vivait un mardi matin typique en revenant de reconduire ses enfants à l’école quand il a rendu l’appel du Journal.
La veille, le CH avait joué pour la première fois de son histoire une rencontre sans un seul joueur originaire du Québec au sein de sa formation. L’américain, a montré une certaine sensibilité envers ce sujet.
« Honnêtement, tu m’apprends la nouvelle. Je n’avais rien lu à ce sujet. Mais je suis quand même surpris, a-til répliqué. Je croyais qu’en plus de 100 ans [112] d’histoire, le Canadien avait déjà joué au moins un match sans un seul gars du Québec dans sa formation.
« Comme joueur, je ne regardais pas trop l’origine de mes coéquipiers. Je voulais simplement voir la meilleure équipe sur la glace. Mais en même temps, je réalisais que le marché de Montréal avait un cachet unique. Je comprends que les partisans s’identifient beaucoup à des joueurs du Québec. Le hockey fait partie de la culture québécoise et il y a toujours eu de grands joueurs du Québec avec le Canadien.
« Je me souviens aussi quand Randy Cunneyworth avait hérité du poste d’entraîneur-chef sur une base intérimaire. On avait beaucoup parlé du fait qu’il ne s’exprimait pas en français, ça représentait une grosse histoire. Avec mes années à Montréal, j’ai mieux compris que le Canadien n’est pas juste un logo. C’est un symbole et une fierté pour les Québécois. Même si la réalité du hockey a changé aujourd’hui, c’est encore important de faire confiance aux produits locaux, et ce même si les joueurs viennent d’un peu partout dans le monde. »
DÉFILÉ DANS UN STATIONNEMENT
Gionta a décrit Montréal comme un marché unique.
« J’ai joué longtemps pour les Devils et j’ai fini ma carrière avec les Sabres et les Bruins, a-t-il rappelé. La présence de joueurs nés aux États-unis ne représentait pas un sujet de conversation. Il y a juste à Montréal que j’ai vécu ça. Mais ça ne me dérangeait absolument pas, je saisissais l’importance.
« Je vois Montréal comme l’un des meilleurs chapitres de ma carrière. J’ai gagné la coupe Stanley avec les Devils en 2003. C’était gros, c’était magique, mais nous avions fait notre défilé dans le stationnement du vieil aréna à East Rutherford. Je ne peux même pas imaginer à quoi une parade ressemblerait à Montréal. Ce serait la folie totale sur une rue comme Sainte-catherine. Quand nous avions atteint la finale de l’est en 2010, Montréal vivait uniquement au rythme du Canadien. Quand nous gagnions un tour, les célébrations dans les rues de Montréal étaient plus grosses qu’après une conquête de la coupe Stanley de plusieurs équipes.
« J’ai aimé la passion des partisans pour le Canadien, j’ai aimé la ville, j’ai aimé les gens. J’ai vraiment passé cinq belles saisons à Montréal. »
INCOGNITO
Lors de ses cinq saisons à Montréal, Gionta a partagé le vestiaire avec plusieurs joueurs du Québec : Marc-andré Bergeron, Guillaume Latendresse, Maxim Lapierre, Mathieu Darche, Georges Laraque, Mathieu Carle, David Desharnais, Alexandre Picard, Louis Leblanc, Frédéric St-denis, Gabriel Dumont, Francis Bouillon, Daniel Brière et Michaël Bournival.
« Un gars comme Travis Moen passait pas mal plus incognito dans le vestiaire du CH même s’il venait aussi du Canada, a répliqué Gionta avec le sourire. Quand tu es né au Québec et que tu joues pour le Canadien, tu as toujours de plus grandes responsabilités médiatiques.
UNE PRESSION DE PLUS
« Il y avait une pression supplémentaire sur les épaules des Québécois. C’était le cas pour Lappy [Lapierre], Guillaume, Darchy [Darche] ou Desharnais. C’était probablement plus gros pour Guillaume. Il avait fait ses débuts dans la LNH à un très jeune âge et il y avait de grandes attentes pour lui. Il devenait rapidement une star dans le marché de Montréal. Ce n’était pas toujours facile pour lui. David se retrouvait aussi sous les réflecteurs. Il jouait un gros rôle au centre de notre équipe. Quand tu es un joueur d’énergie originaire du Québec, c’est probablement plus facile de vivre avec les critiques. »