Le Journal de Quebec

« Ce qui est arrivé n’est pas un hasard »

– Serge Savard

- Jonathan Bernier c jonathan. bernier @quebecorme­dia.com

Grand défenseur de la place des joueurs québécois chez le Canadien, Serge Savard n’a pas du tout été surpris de voir qu’aucun d’entre eux n’avait revêtu l’uniforme bleu, blanc et rouge pour la première fois en 112 ans, lundi soir. Bien que cet événement historique lui ait brisé le coeur.

« Ce qui est arrivé n’est pas un hasard. C’est simplement le résultat de ce que l’on voit aller depuis le début [du règne de Marc Bergevin], a indiqué l’ancien joueur et directeur général du Tricolore, lorsque joint par Le Journal. D’ailleurs, j’avais averti Marc Bergevin, dans mon livre, que ça allait finir par arriver. »

« C’est une continuité de ce qu’ils ont fait. Ils ont complèteme­nt négligé la LHJMQ, donc ce n’est pas surprenant de voir ce qui arrive », a ajouté celui dont le numéro 18 flotte dans les hauteurs du Centre Bell.

Depuis l’arrivée en poste de Bergevin, en mai 2012, Montréal a sélectionn­é sept Québécois sur 68 choix.

Outre Zachary Fucale, appelé au deuxième tour lors de l’encan de 2013, aucun n’a été repêché avant le cinquième tour.

D’ailleurs, depuis 2014, 52 joueurs du Québec ont été réclamés lors des quatre premières rondes du repêchage de la LNH.

Le Canadien fait partie des six équipes qui n’en ont repêché aucun.

Pendant ce temps, l’avalanche du Colorado et les Predators de Nashville en ont appelé cinq et les Ducks d’anaheim en ont choisi quatre.

NOUVELLE ÉPOQUE

Évidemment, le hockey a grandement changé depuis les années 1980. Le bassin de joueurs est devenu internatio­nal.

Néanmoins, juste pour donner un ordre de grandeur, soulignons qu’en 13 repêchages avec M. Savard à sa tête (1983 à 1995), le Tricolore a sélectionn­é 32 Québécois parmi les 120 premiers choix de chaque cuvée (l’équivalent des quatre premiers tours de nos jours).

« J’avais quatre dépisteurs attitrés exclusivem­ent au marché québécois. C’était sur le bord d’être exagéré, mais on voulait s’assurer de ne rien manquer, a raconté M. Savard. Quand je suis parti, ils les ont tous mis dehors. Il n’en restait plus qu’un, et c’était un ancien arbitre, Denis Morel. »

UN AVANTAGE

Le désir de promouvoir les joueurs d’ici et celui de couper l’herbe sous le pied des Nordiques de Québec était grand. Mais un peu comme c’est le cas aujourd’hui, ils étaient plusieurs à lever le nez sur le calibre de jeu du circuit québécois.

« Pour nous, piger dans la LHJMQ, c’était un réel avantage. Toutes les autres équipes disaient que cette ligue junior était moins forte que la Ligue de l’ontario ou celle de l’ouest », a rappelé M. Savard.

« J’ai repêché Claude Lemieux en deuxième ronde [26e au total, en 1983]. S’il avait joué pour les Marlies de Toronto au lieu des Draveurs de Trois-rivières, il aurait sorti en première ronde », a-t-il poursuivi.

PROLONGATI­ON POUR BERGEVIN ?

Selon M. Savard, tant que les décideurs présenteme­nt en place ne seront pas remplacés, l’organisati­on gardera la même philosophi­e. Au grand dam de ce membre du Temple de la renommée, la situation n’est pas sur le point de changer.

« Il y a une nouvelle qui vient de sortir de Toronto disant que le Canadien et Marc Bergevin sont en train de négocier pour un nouveau contrat », a-t-il souligné.

Samedi, à Hockey Night in Canada,

Elliotte Friedman a soutenu que Geoff Molson et son directeur général avaient amorcé des pourparler­s en vue d’une prolongati­on de contrat. Il reste un an à la première prolongati­on de contrat de cinq saisons que les deux parties avaient signé en novembre 2015.

« Il faut croire qu’ils aiment ça comme ça. Pour eux, ça a l’air d’être parfait de même… »

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PHOTO D’ARCHIVES Serge Savard s’est toujours donné comme mission de dénicher des talents québécois lorsqu’il était le directeur général du Canadien.
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