Le Journal de Quebec

Le e chat qui a avalé a la souris

- TH HOMASMULCA­IR

À l’élection de 2018, L’actualité a publié une de ces questions-réponses classiques où on interroge tous les chefs de parti sur les mêmes sujets à la veille d’une élection.

La réponse de François Legault était fascinante.

Il était loin de renoncer définitive­ment à la souveraine­té et expliquait plutôt, comme le comptable qu’il est, que les chiffres n’étaient pas encore là.

Il a exposé dans le détail comment il allait mettre l’accent sur l’immigratio­n, la langue et la culture pour accroître les pouvoirs du Québec. Le sous-texte était évident : si le Québec cherche ces pouvoirs et ne les obtient pas, la souveraine­té risque de paraître comme la solution naturelle.

CHARTE DE LA LANGUE FRANÇAISE.

Cette explicatio­n de Legault se reflète dans une des dispositio­ns clés de son projet de loi modifiant la Charte de la langue française.

M. Legault vise à modifier, en même temps, la constituti­on canadienne pour mieux asseoir la juridictio­n du Québec, comme nation, en matières linguistiq­ues.

Lors du référendum de 1995, Jacques Parizeau, de toute évidence fier de son coup, a décrit sa question comme étant « astucieuse ». Sa vantardise lui est revenue, car beaucoup de gens se méfiaient d’une telle ruse.

Trop prudent et expériment­é pour faire la même erreur, il faut reconnaîtr­e que François Legault est conséquent avec lui-même et qu’il est, oui, vraiment futé.

Il a réussi à édulcorer deux aspects appréhendé­s des modificati­ons à la loi 101 : l’accès au cégep et la reconnaiss­ance des villes bilingues.

Même si c’est contre nature pour un homme d’affaires, il a accepté d’accroître la bureaucrat­ie linguistiq­ue et la paperasse pour les entreprise­s d’une certaine envergure.

UNE GRANDE MANOEUVRE

Mais c’est maintenant au niveau national que le grand jeu se joue.

Le Québec a déjà modifié la constituti­on canadienne. Lucien Bouchard a réussi un coup de maître en balayant toute résistance à Ottawa à amener un changement majeur. Les commission­s scolaires confession­nelles ont été remplacées par des commission­s scolaires linguistiq­ues. Bouchard, au sommet de son autorité, a averti le Sénat de ne même pas songer à jouer aux troublefêt­es.

C’est une manoeuvre de cette envergure que François Legault prépare.

S’il était assis à côté de son ministre en conférence de presse hier, ce n’était pas pour parler de fins détails. Ça, il le laissait à Jolin-barrette.

Lui était là, comme le chat qui avait avalé le canari, sûr de son coup, prêt à en découdre avec Ottawa à l’aube d’une élection générale.

QUESTION POLITIQUE FONDAMENTA­LE

Erin O’toole risque d’être le premier chef de parti à appuyer la démarche. Pourquoi pas ? Le soutien de son prédécesse­ur, Andrew Scheer, à un rapport d’impôt unique pour le Québec ne lui a pas coûté un seul vote en Alberta ou en Saskatchew­an.

La vraie question est : que fera le Parti libéral de Justin Trudeau ?

C’est drôle comment une journée dans la vie politique peut amener des hauts et des bas.

Hier, M. Trudeau a été blanchi par le commissair­e à l’éthique dans le tristement célèbre dossier de We Charity. Son soupir de soulagemen­t politique risque d’être de courte durée.

Trudeau aura à décider s’il appuie ou non cet effort du Québec pour renforcer sa capacité de protéger et promouvoir sa langue et sa culture, et le résultat risque d’être déterminan­t pour les prochaines élections attendues en septembre.

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