Le Journal de Quebec

La mission historique de Simon Jolin-barrette

- DENISE BOMBARDIER

René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Bernard Landry et Pauline Marois, tous ces premiers ministres péquistes auraient sans aucun doute apprécié la combativit­é, l’enthousias­me, la ténacité et l’intensité de l’attachemen­t au Québec de Simon Jolin-barrette.

C’était hier une consécrati­on politique pour ce jeune ministre de 34 ans, qui avait 11 ans lorsque François Legault est devenu ministre dans le gouverneme­nt de Lucien Bouchard en 1998, deux mois avant d’être élu à l’assemblée nationale.

Simon Jolin-barrette ne se laisse pas impression­ner par ses adversaire­s, ce qui lui vaut des attaques virulentes parfois même de la part des journalist­es de sa génération qu’il ne caresse pas dans le sens du poil.

Le ministre, contrairem­ent à nombre de gens de sa génération, semble dénué du complexe de minoritair­e. Il ne craint pas d’afficher un nationalis­me décomplexé, car il est habité d’une mission historique, celle de remettre la langue française et l’identité québécoise au coeur de l’action politique de son parti, la CAQ. Cela 44 ans après l’instaurati­on de la loi 101, l’oeuvre de Camille Laurin.

ALLIÉ CONSTANT

Pour cela, il peut compter sur l’appui inconditio­nnel de François Legault, son allié indéfectib­le, quoi qu’on en dise, pour remettre le français au sommet des préoccupat­ions de l’état en introduisa­nt la spécificit­é linguistiq­ue de la nation québécoise dans la partie réservée aux provinces dans la constituti­on canadienne. Il faudra sûrement s’attendre à la réaction vive du gouverneme­nt du Canada. Les tribunaux auront du pain sur la planche.

Simon Jolin-barrette, avocat de formation, voue une admiration sans bornes à Benoît Pelletier, ex-ministre libéral et professeur de droit constituti­onnel à l’université d’ottawa, qui a servi de conseiller au ministre caquiste sur ces questions.

Et fini, les villes bilingues au Québec lorsque la population anglophone ne le justifie pas. Terminé, le bilinguism­e de l’état québécois. Nous entrons dans le Québec de la langue commune plutôt que seulement officielle.

La politique est l’art du compromis. Le ministre Jolin-barrette est certaineme­nt un bon élève de son maître politique, François Legault. Il a résisté, à l’évidence, aux exigences des nationalis­tes revendicat­eurs qui auraient fermé les portes des cégeps anglophone­s aux étudiants francophon­es. On installera plutôt des quotas qui, à moyen terme, réduiront l’accès des francophon­es et allophones aux cégeps anglais.

FIERTÉ

Simon Jolin-barrette, sous des dehors de froideur, voire d’arrogance parfois, est un personnage qui bouillonne d’émotion. Sa fierté d’être québécois, son amour de la langue française, sa passion pour les joutes politiques et son respect pour son protecteur et allié, François Legault, lui ouvrent bien des avenues.

Rien des hauts ni des bas de la politique ne lui échappe. Il demeure prudent, malgré ses emportemen­ts. Et avant tout, c’est un homme sans peur.

Cela explique une espèce d’indifféren­ce aux critiques plus ou moins malveillan­tes de ses adversaire­s et contempteu­rs sur les réseaux sociaux. Lui-même sait jouer dans ces eaux troubles parfois, car la maturité vient avec l’âge.

Mais, depuis hier, on sait que l’héritage nationalis­te s’est bien transmis et que l’idée d’accepter d’être né pour un petit pain et le complexe d’infériorit­é devant l’anglophoni­e actuelle, même en France, ne touchent pas nombre de Québécois, comme le ministre Jolin-barrette, qui se souviennen­t et ne veulent pas disparaîtr­e.

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La langue française retrouve sa noblesse et sa primauté.
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