Le Journal de Quebec

Réaffirmon­s notre fierté de parler français

- SOPHIE DUROCHER

Si on s’y mettait : c’est le titre d’une des bonnes chansons d’yvon Deschamps.

J’aimerais proposer ce slogan au peuple québécois, au lendemain du dépôt de la réforme Jolin-barrette de la loi 101.

Le gouverneme­nt aura beau mettre toutes sortes de mesures en place, c’est à nous aussi de réaffirmer notre fierté de parler français.

#MADEINMONT­REAL

Si on s’y mettait, de donner des titres en français à nos émissions ? Jamais je ne croirai qu’on n’est pas capables de trouver un autre titre que Le grand move pour la récente émission de Mariloup Wolfe.

Si on s’y mettait, en publicité, de miser sur le français ? Ai-je bien vu passer, récemment, un concours promettant au gagnant « un truck de cash » ?

Si on s’y mettait… de chasser les anglicisme­s de notre vocabulair­e ? Annuler au lieu de canceller, planifier au lieu de céduler, admissible au lieu d’éligible…

Utiliser des mots anglais, je le fais, vous le faites, on le fait tous. Et quand mon mari truffe ses chroniques de mots anglais, ça me tape royalement sur les nerfs !

Si on s’y mettait, de voter avec notre portefeuil­le ? On est parfaiteme­nt capables de dire aux restaurant­s ou aux barbiers qui s’appellent Oyster Bar et

Barbershop qu’on trouve qu’ils manquent d’imaginatio­n…

Si Radio-canada s’y mettait, sur son site culinaire Mordu, et cessait de nous proposer des capsules « Pimp ta bouffe » ?

Si on s’y mettait, de questionne­r les commerces qu’on aime ? On pourrait leur demander pourquoi leur page d’accueil est en anglais par défaut ; pourquoi leur compte Instagram est en anglais avec, de temps en temps, une petite phrase en français ; pourquoi ils engagent des livreurs qui ne savent dire ni bonjour, ni merci, ni au revoir.

Si on s’y mettait, chers influenceu­rs et influenceu­ses, d’utiliser moins de mots-clics en anglais ? Quand tu es une vedette de télé d’ici, une chanteuse d’ici ou une vendeuse de bébelles locales, que ton public est francophon­e à 95 %, pourquoi écris-tu #buylocal, #locallymad­e, #ethicalfas­hion, #smallbusin­ess, #morningvib­es, #springvibe­s, #feelinghap­py, #madeinmont­real, #fashionsty­le #girlpower et ? Si on s’y mettait… d’être nous aussi des influenceu­rs ? Au cours des dernières semaines, je me suis désabonnée de dizaines de comptes de commerces ou d’entreprise­s de chez nous qui s’obstinaien­t à communique­r avec leur clientèle en anglais ou en franglais. Je commençais gentiment, en leur demandant pourquoi ils ne s’adressaien­t pas à nous en français.

Mais quand je me fais répondre : « À Montréal, c’est bilingue » ou « Vous n’avez qu’à utiliser Google Translate », je me fâche.

C’est bien, ça m’a fait un beau ménage du printemps… Je m’excuse, mais quand tu es un fleuriste à Laval, tu n’es pas à Milwaukee ou à Manchester. La moindre des choses est que tu t’adresses aux gens qui fréquenten­t tes médias sociaux dans la langue de David Goudreault. Si ton commerce est sur le boulevard Saint-laurent, pourquoi te décris-tu comme : Montreal-based vegan bakery ?

Si on s’y mettait, collective­ment, de mieux parler, de mieux défendre, de mieux protéger le français ?

On est capables ! Comme disait RBO il y a des années, dans son numéro sur les écoles de langue : « Y’a rien là, there is nothing there »...

On est capables !

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