Le Journal de Quebec

Une loi pour la survie du français

Le gouverneme­nt Legault dévoile sa vaste réforme pour éviter la disparitio­n peuple francophon­e du Québec

- PATRICK BELLEROSE

En dévoilant hier une vaste réforme de la loi 101, François Legault a plaidé l’urgence de renforcer la place du français au travail, en éducation et dans l’administra­tion de l’état, afin d’éviter la lente disparitio­n du peuple francophon­e au Québec.

Le premier ministre a présenté le projet de loi 96 comme « le geste le plus fort » en matière de protection des droits linguistiq­ues depuis la création de la Charte de la langue française en 1977.

« Donc, 44 ans plus tard, un gouverneme­nt nationalis­te prend le relais du gouverneme­nt Lévesque pour présenter une nouvelle loi 101. Puis je le dis en toute modestie, vous savez mon admiration pour René Lévesque », a-t-il déclaré en conférence de presse. Pour le chef caquiste, il y a péril en la demeure.

« Notre langue sera toujours vulnérable. Si on ne la protège pas, si on ne se donne pas des remparts, il y a un risque, on ne sait pas dans combien d’années, mais effectivem­ent que nos enfants, nos petits-enfants ne parlent plus français », a-t-il déclaré. D’ailleurs, il a justifié l’utilisatio­n de la clause dérogatoir­e – qui mettra la réforme à l’abri des tribunaux – en affirmant que « le fondement même de notre existence comme peuple francophon­e en Amérique est en jeu ».

À ses côtés, le ministre responsabl­e du dossier, Simon Jolin-barrette, a rappelé que la loi originale de Camille Laurin a été graduellem­ent affaiblie par des recours judiciaire­s.

AFFICHAGE

Mais Québec n’ira pas jusqu’à imposer aux commerces l’affichage unilingue français, comme l’avait fait le gouverneme­nt Lévesque à l’époque. Plaidant le « compromis », le gouverneme­nt caquiste exigera plutôt la présence d’une « nette prédominan­ce » d’éléments en français pour accompagne­r une marque de commerce anglophone.

« Si, par exemple, vous avez Canadian Tire, les mots “centre de rénovation” devront être un peu plus gros », a illustré M. Legault. Les entreprise­s visées disposeron­t de trois ans pour faire la modificati­on.

Autre mesure importante, Québec gèlera le nombre d’étudiants admis dans les cégeps anglophone­s au niveau de 2019-2020.

Par la suite, la croissance ne pourra excéder 8,7 % de la hausse totale des nouvelles places dans l’ensemble du réseau collégial, ce qui représente la part des élèves de langue anglaise au primaire et au secondaire.

D’ailleurs, cette minorité anglophone historique aura préséance lors des admissions dans les cégeps de langue anglaise, afin de respecter leurs droits historique­s.

La formule fait en sorte que la proportion de places dans le réseau anglophone diminuera graduellem­ent par rapport à son pendant francophon­e.

PAS D’AFFRONTEME­NT LINGUISTIQ­UE

Au total, la réforme comprend près de 25 mesures majeures et 201 articles, notamment pour assurer le droit de travailler et de se faire servir en français ( voir page 6).

Pour autant, François Legault assure qu’il ne souhaite pas relancer le débat linguistiq­ue ou empiéter sur les droits de la minorité historique.

Le premier ministre a qualifié sa réforme de « raisonnabl­e ». « J’ai construit le projet de loi pour protéger les droits de la communauté anglophone, protéger les droits des nations autochtone­s, a pour sa part assuré le ministre Jolin-barrette. Alors, ce n’est pas le français en opposition à l’anglais, c’est vraiment : on valorise le français, on protège la langue française sans enlever des droits à la communauté d’expression anglaise. »

Le Québec inscrira aussi sa spécificit­é française dans la constituti­on.

« Premièreme­nt, que les Québécois forment une nation, et deuxièmeme­nt que la langue officielle au Québec, c’est le français », a indiqué Simon Jolin-barrette.

 ?? PHOTOS STEVENS LEBLANC ET PIERRE-PAUL POULIN ?? Le ministre responsabl­e de la Langue française, Simon Jolin-barrette, a déposé hier un important projet de loi pour protéger la langue française au Québec. Celui-ci obligera notamment les entreprise­s, comme les magasins Canadian Tire (en mortaise), à utiliser une « nette prédominan­ce » français dans leur affichage extérieur.
PHOTOS STEVENS LEBLANC ET PIERRE-PAUL POULIN Le ministre responsabl­e de la Langue française, Simon Jolin-barrette, a déposé hier un important projet de loi pour protéger la langue française au Québec. Celui-ci obligera notamment les entreprise­s, comme les magasins Canadian Tire (en mortaise), à utiliser une « nette prédominan­ce » français dans leur affichage extérieur.

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