Le Journal de Quebec

Épidémie de COVID dans une mine

Une mine de fer du Nunavut, dans le Grand Nord, rapatrie ici ses 36 travailleu­rs infectés

- FRANCIS HALIN – Avec Félix Séguin et Éric Yvan Lemay

Une évacuation médicale d’urgence s’est déroulée discrèteme­nt hier sous l’oeil nerveux des policiers à l’aéroport de Saint-hubert pour ramener 36 travailleu­rs infectés à la COVID-19 de la mine de fer de Baffinland, au Nunavut.

« Nous avons accueilli aujourd’hui 36 travailleu­rs miniers en provenance du nord du Canada qui sont infectés à la COVID-19 », a confirmé en soirée au Journal Martine Lesage, porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-centre.

« Au besoin, les personnes qui requièrent un niveau de soins plus élevé ou une hospitalis­ation pourront être amenées à l’hôpital Charles-lemoyne », a-t-elle ajouté.

Hier, la Santé publique n’a pu dire s’il s’agissait du fameux variant indien plus contagieux, mais la chaîne télé CBC a fait état de cas là-bas au début du mois.

« Ils ont été amenés dans la région par un avion nolisé, pour y passer leur période d’isolement et le cas échéant, y recevoir des services de santé qui ne peuvent être prodigués sur place », a poursuivi Martine Lesage, du CISSS.

Déjà aux prises avec une éclosion qui paralyse ses activités, la mine de fer Mary River de Baffinland, au Nunavut, pourrait mettre fin à ses activités l’an prochain en raison de problèmes financiers, selon Radio-canada.

OPÉRATION DÉLICATE

À 17 h 20, un avion de Chrono Aviation s’est posé, à l’abri des regards, sur le tarmac avec à son bord des travailleu­rs miniers de la Baffinland, propriété de The Energy and Minerals Group et Arcelormit­tal, selon son site web.

« D’ici la fin de cette semaine, nous aurons démobilisé plus de 65 % de nos effectifs dans le but d’arrêter la transmissi­on du COVID-19 sur le site », a partagé la minière sur Facebook hier, en journée, en refusant cependant de dire au Journal combien de cas sont toujours actifs là-bas en ce moment.

Hier, avant l’arrivée des travailleu­rs infectés, une employée de l’aéroport se préparait in extremis à accueillir « un vol particulie­r d’évacuation médicale ».

Patrouille­s de police, ambulances, autobus… fourmillai­ent sur le tarmac.

Quelques minutes après l’atterrissa­ge, le vice-président du groupe Chrono Aviation, Dany Gagnon, a confirmé qu’un de ses avions avait été nolisé.

« Dans le Nord, ils sont extrêmemen­t proactifs pour les rapatrier. Dans le Nunavut s’il y a une éclosion, il n’y a probableme­nt pas le même nombre de médecins », a-t-il dit.

TRAVAILLEU­RS SOUS LE CHOC

Plus tôt en journée, la conjointe d’un travailleu­r minier s’est dite inquiète de les voir débarquer dans leur famille, alors que le nombre de cas explose dans la mine fermée temporaire­ment en raison d’une éclosion majeure.

« C’est sûr que je suis inquiète parce que j’ai entendu dire qu’il y avait pas mal de variants, alors ça nous énerve pas mal. Ça oui », a-t-elle confié sous le couvert de l’anonymat.

« On nous dit aussi que les gars sont assez collés dans l’avion. Ça me stresse ça aussi », a-t-elle ajouté à bout de souffle, avant de retrouver son calme.

Durant leur isolement, les travailleu­rs seront logés à un endroit aménagé à cet effet, a indiqué hier la Santé publique. Toutes les mesures sanitaires seront prises : chambres individuel­les, port d’équipement de protection pour le personnel gravitant autour des cas, surveillan­ce 24/7, etc., a-t-on précisé.

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