Le Journal de Quebec

Trudeau évite une 3e prise

- GUILLAUME ST-PIERRE Chef du bureau parlementa­ire à Ottawa guillaume.st-pierre2 @quebecorme­dia.com

Justin Trudeau s’en tire sans blâme du commissair­e à l’éthique dans l’affaire WE Charity, mais il n’a pas de quoi pavoiser.

Oui, le premier ministre évite le pire.

Un troisième blâme – après ceux de l’aga Khan et de SNC-LAVAlin – aurait été politiquem­ent désastreux.

On imaginait déjà les conservate­urs évoquer l’image du baseball en campagne électorale.

Après trois prises, on est retiré !

Ce ne sera pas le cas.

Le premier ministre évite la bombe politique, mais les partis d’opposition auront tout de même un petit os à ronger, car le rapport visant l’ex-ministre des Finances, Bill Morneau, est suffisamme­nt cinglant.

On comprend mieux pourquoi ce dernier a été sacrifié dans la foulée de cette affaire.

Le premier ministre évite la bombe politique

AMIS

Le jugement du commissair­e Dion est sans appel : M. Morneau a bel et bien eu l’occasion de favoriser les intérêts de WE Charity de par son amitié avec l’un de ses fondateurs.

Amitié que Craig Kielburger et Morneau continuent de nier.

La preuve était tout de même accablante, entre le brunch du dimanche au domicile des Morneau, deux dons de 50 000 $ offerts par la conjointe du ministre à WE Charity, et le petit cadeau au nouveau papa Kielburger.

Bref, Craig Kielburger, qui habitait la circonscri­ption torontoise de M. Morneau, n’était pas un électeur comme un autre.

Concrèteme­nt, le rapport Dion conclut que Morneau n’a pas ordonné à la fonction publique de choisir WE Charity pour administre­r un programme de bourse étudiante de près de 1 G$, mais lui et son bureau ont certaineme­nt déroulé le tapis rouge.

M. Dion est d’avis que « M. Morneau a accordé un traitement de faveur à UNIS en permettant aux membres de son personnel ministérie­l de fournir une assistance disproport­ionnée à un électeur ».

« Ce libre accès au cabinet du ministre des Finances est en raison de la relation entre M. Morneau et M. Kielburger, qui sont à mon avis des amis au sens où l’entend la loi. »

C’est tout le gouverneme­nt qui s’en retrouve éclaboussé.

M. Morneau n’était pas n’importe qui au sein du cabinet. C’est lui qui approuvait les dépenses, y compris le programme de bourse qui est finalement tombé à l’eau à cause du scandale.

APPARENCE DE CONFLIT

Justin Trudeau, lui, évite le pire, de justesse.

Le commissair­e Mario Dion a trouvé « une forte apparence de conflit » d’intérêts dans cette affaire, ce que le premier ministre est prêt à admettre.

Mais « l’apparence » de conflit n’atteint pas le seuil prévu par la loi, conclut M. Dion.

Le conflit doit être « potentiel » ou « réel ».

Le premier ministre n’avait donc pas à se récuser de la décision, même si sa conjointe, son frère et sa mère ont déjà été embauchés par l’organisme.

Le Parti conservate­ur suggère de revoir la loi qui date de 2006.

Le rapport Dion offre matière à réflexion.

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Justin Trudeau a évité un troisième blâme du commissair­e à l’éthique.
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